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Ahmed, 8 ans


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Par Anne Brigaudeau

Mis à jour le

29/01/2015 | 17:31 , publié le 29/01/2015 | 16:35

A l'âge de jouer aux petites voitures, peut-on être entendu par la police pour "apologie d'acte de terrorisme" ? Apparemment, oui. Ahmed, élève de CE2 à l'école élémentaire Flore 1, a été entendu avec son père, mercredi 28 janvier, dans un commissariat de Nice, pour des propos que lui reprochent ses enseignants. Que s'est-il passé ? Francetv info revient en quatre questions sur cette singulière convocation de mineur.

1Que s'est-il passé ?

Jointe par francetv info, Fabienne Lewandowski, directrice adjointe de la sécurité publique des Alpes-Maritimes, récapitule : "Mercredi 21 janvier, on reçoit le chef de l'établissement. Il porte à notre connaissance les propos très graves tenus par cet enfant le 8 janvier : 'Il faut tuer tous les Français, je suis dans le camp des terroristes, les musulmans ont bien fait, les journalistes méritaient leur mort'. [L'élève] refuse de respecter la minute de silence et de faire partie de la ronde de solidarité après les attentats. Le directeur nous dit aussi que le 21, le père s'en prend aux enseignants. Nous convoquons le père et l'enfant."

Cette version est contestée par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui résume ainsi les débuts de l'affaire : "Au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, Ahmed a été interpellé par son instituteur, qui lui a demandé s'il était 'Charlie'. A cause des caricatures de Mahomet, il a dit : 'Non, je ne suis pas Charlie'. Et il a ajouté, sans se rendre compte de ce qu'il disait, "je suis du côté des terroristes". L'instituteur a alors emmené l'enfant dans la classe d'à côté, où se trouvait le directeur. Et le directeur lui a demandé trois fois, devant toute la classe, s'il était Charlie. Il a même menacé cet enfant, diabétique, de ne pas lui donner son insuline s'il ne disait pas 'je suis Charlie"."

Toujours selon le CCIF, le directeur, voyant l'enfant jouer dans le bac à sable, "lui a également dit : "Ça ne sert à rien de creuser comme ça, tu ne trouveras pas de mitraillette pour nous tuer." Anecdote infirmée en partie par Bénédicte Thérache, présidente du comité local de la FCPE de l'école Flore 1 à Nice. Elle précise àL'Express qu'il n'y a pas de bac à sable dans l'école. Enfin, poursuit le CCIF,"traumatisé, l'enfant ne voulait plus aller en classe et s'enfermait dans les toilettes. Le père a essayé de rentrer dans l'école, pour vérifier que son enfant aille bien en cours et ne s'enferme pas quelque part."

2Peut-on convoquer un enfant de 8 ans ?

Selon Marie-Pierre Hourcade, présidente de l'Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille, une procédure de convocation d'un enfant en audition libre n'a rien d'anormal. Si un juge est saisi, un enfant de moins de 13 ans ne peut faire l'objet d'une sanction pénale mais seulement de mesures éducatives.

Cette convocation était-elle vraiment nécessaire dans ce cas précis ? Pour Fabienne Lewandowski, l'enfant "est très jeune. Cela justifie d'autant plus qu'on s'y intéresse, d'autant que ses propos étaient très structurés, très construits." Elle juge que "le contexte grave" exigeait "qu'on ait un entretien avec lui : pourquoi cet enfant en est-il venu à tenir ce genre de propos ? Qui l'a influencé ?"

3Comment s'est passée l'audition ?

L'enfant a été convoqué avec son père pour une audition d'une demi-heure, selon la police. Sous le pseudo IbnSalah, son avocat, Me Sefen Guez Guez, en a largement rendu compte sur Twitter.

"L'enfant nie catégoriquement avoir dit 'à mort les Français'. Il reconnaît avoir dit 'je suis avec les terroristes'", a-t-il relaté. Il rapporte encore cet échange : "Question de l'OPJ [officier de police judiciaire] : "Qu'est-ce que veut dire le mot terrorisme pour toi ? - Je sais pas." Ahmed. 8 ans." Du côté de la police, Fabienne Lewandowski souligne également que "l'enfant a reconnu une partie de ses propos, mais sans en comprendre le sens". Le père de l'enfant, poursuit-elle, "a indiqué qu'il était désolé de ce qui s'était passé".

Joint par francetv info, Me Sefen Guez Guez estime qu'on assiste maintenant à une "tentative de diaboliser les parents". L'enfant, ajoute-t-il, a été "entendu pour apologie d'acte de terrorisme" et il existe "un procès-verbal où a été notifié ainsi l'état civil du mineur : 'Ahmed, 8 ans. Profession : élève'".

4Quelles sont les suites ?

La justice va avoir du travail, avec des plaintes croisées. Le directeur de l'école a déposé une plainte à l'encontre du père, pour "intrusion" dans l'école et pour "attitude menaçante" envers l'équipe. L'avocat de la famille de l'enfant, Me Guez Guez, a, lui, porté plainte contre le directeur de l'école pour "violences aggravées". Il l'accuse d'avoir tapé la tête du garçon contre un tableau et de l'avoir giflé. Le rectorat a fait savoir que l'enseignant répondrait par la voie judiciaire. Enfin, la police poursuit son enquête pour essayer de trouver l'origine des propos tenus par Ahmed.

L'enfant continuera-t-il à être scolarisé dans la même école ? Le rectorat n'est pas en mesure de répondre à la question. Ni de nous préciser si, après les propos tenus le 8 janvier, le signalement d'Ahmed auprès de la protection de l'enfance a ou non précédé la convocation des parents par la direction de l'école.

Quant à la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, elle a estimé jeudi que"l'équipe" de l'établissement scolaire avait bien réagi. "Comme c'est la règle en la matière, l'équipe de l'établissement scolaire a veillé à ce qu'un suivi pédagogique soit apporté à cet enfant qu'on a reçu (...). Lorsque le père est venu dans l'établissement, il a eu en revanche une attitude brutale (...). Donc c'est pour cette raison précise, et cette raison seulement que le directeur de l'école a porté plainte contre le père et pas contre l'enfant", a-t-elle déclaré.

Va-t-on désormais poursuivre tout enfant qui tient ou répète des propos dont il ne comprend pas forcément le sens ? Réponse de la police, par la voix de Fabienne Lewandowski : "Un enfant de cet âge qui tient de tels propos doit être signalé. Et à chaque fois, on entendra l'enfant, que ce soit formel ou informel."

http://www.francetvinfo.fr/societe/education/quatre-questions-sur-la-convocation-d-ahmed-8-ans-pour-apologie-d-acte-de-terrorisme_810053.html

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Qu'encore une fois c'est l'équipe enseignante qui est jetée en pâture dans les médias sans qu'on sache réellement ce qui s'est passé....

Et je suis tombée la première dans le piège hier soir....

Qu'encore une fois c'est le directeur qui porte plainte en son nom et non l'Etat, alors que c'est lui qui devrait le faire....

Donc qu'encore une fois ce sont les PE qui sont en première ligne....

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Je ne crois ni la presse, ni les parents. Soutien total à ces enseignants.

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Je ne crois ni la presse, ni les parents. Soutien total à ces enseignants.

+1

Exactement. Je les vois mal porter les choses aussi haut sans réelles raisons.

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D'après des journaux sérieux, suite à l'intervention de cet enfant en classe, les parents ont été conviés à un RDV avec le directeur. Au cours de cet entretien, le père s'est montré très virulent. Dans les jours suivants, il s'est introduit dans l'école malgré le plan vigipirate et s'est montré agressif et menaçant envers l'équipe. Suite à cela, avec appui de l'IEN, il y a eu dépot de plainte contre le père et l'enfant a alors été entendu.

Il faut aussi savoir qu'au cours de ces entretiens l'enfant a fait des révélations qui ont entrainé une IP.

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A propos du CCIF...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Collectif_contre_l%27islamophobie_en_France

Selon Le Figaro, un expert reconnu dit que le CCIF incarne un « islam identitaire agressif […]. Conduit par une jeune génération de musulmans nés en France, il s'est affranchi des grandes fédérations instituées et travaille en réseau avec une stratégie médiatique moderne, peu soucieux des questions du culte, mais en pointe pour une présence musulmane dans la société civile »2.

Le sociologue Gilles Kepel, spécialiste de l'islam en France, dans son livre Quatre-vingt-treize, nie l’existence d'une islamophobie en France. Il considère que « le CCIF ainsi que le site francophobe et anti-blanc des Indigènes de la République et le site islamiste Forsane Alizza – Les Cavaliers de la Fierté – sont les jumeaux chimériques des portails anti-islamiques Riposte laïque, Observatoire de l’islamisation, le Bloc identitaire ou fdesouche. Ces sites réduisent l’autre exécré à des traits caricaturaux »20.

Féminisme et sexualité

[...] Le porte-parole du CCIF attaque violemment l'organisation féministe des Femen, lesquelles méritent, selon lui, « Plus q'un coup de pied »46.

le CCIF qualifie d’« islamophobe » un ouvrage pour enfants, Comprendre le monde des éditions Nathan47, qui affirme à tort48 que les femmes en Arabie saoudite « peuvent être condamnées à mort en cas de désobéissance »49.

48 [La loi saoudienne autorise la peine de mort pour de nombreux crimes dont voici une liste d'exemples . Le terme « désobéissance » n'est pas spécifiquement repris dans cette liste. Il y a en revanche les termes « Adultère », « Apostasie ».

Et aussi :

http://www.huffingtonpost.fr/jeanchristophe-moreau/analyse-collectif-contre-lislamophobie_b_6376342.html

[...] Pour ne pas être qu'une étape dans le naufrage de l'antiracisme, la lutte contre le racisme anti-musulman doit donc naviguer entre de nombreux écueils idéologiques, et commencer par rompre avec l'idée qu'on peut mater les préjugés racialistes à coups de tabous médiatico-politiques.

Or, avec le CCIF, ce changement de paradigme n'est pas pour demain. L'association, en liant la lutte contre l'islamophobie à un déni de l'intégrisme, de la menace islamiste, bref de la crise que traverse l'islam, attise la défiance à l'égard des musulmans. Elle offre à la pensée racialiste son alibi préféré : le soupçon du communautarisme, l'idée que l'Autre agit en fonction d'intérêts distincts de ceux de la communauté nationale, en plaçant en l'occurrence le respect de la religion au-dessus de toute autre considération. Ce qui, l'évidence sociologique démontrant qu'il n'en est rien, revient à calomnier ces musulmans de France qu'il s'agissait de défendre.

Les affirmations du "CCIF" sont donc à prendre avec la plus grande prudence...

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On applaudit bien fort notre merveilleuse hiérarchie qui, comme d'habitude, n'a pas fait son boulot et a laissé jeter en pâture, des fourmis de terrain.

Déjà que je me pose quotidiennement la question : mais à quoi servent les inspecteurs, j'ai tendance à répondre à rien. Mais c'est pire : leur mépris et leur lâcheté sont un mal que ce malheureux fait divers met hélas à nouveau en lumière.

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Personnellement pour le coup, j'ai entendu la ministre cet après midi et elle soutient les enseignants

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Oui, elle soutient, mais qui a signé la plainte ? Qui ira devant le tribunal ?

Qui doit croiser les parents d'élèves tous les jours et justifier ce qui s'est passé et qui visiblement n'est pas du tout la même chose que ce qu'ils peuvent lire ou entendre dans les médias ????

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Moi je n'écoute plus les médias , les personnes intérrogées par les journalistes savent très bien se donner un genre et dire ce qu'ils veulent devant les caméras : ça doit être l'effet téléréalité.

Je suis de tout coeur avec ces enseignants qui avaient certainement une très bonne raison pour faire remonter l'(les ) incident(s) mais une fois de plus on n'est pas soutenus.

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