Etre payé au "mérite"

[mayre]

Transposition du PPCR à l’Education nationale Toujours aussi inacceptable !

Publié; le 18 octobre 2016 | la FNEC-FP FO

 

Lors de la réunion conclusive du 13 octobre, à laquelle la FNEC FP-FO a participé, le ministère a présenté aux organisations syndicales ce qui devrait être pour lui la version finale de son projet.
Les modifications sont marginales par rapport aux projets précédents.

La revalorisation indiciaire est toujours aussi indigente... et débouche même sur des baisses de traitement net.
En 2020, si la valeur du point d’indice n’est pas augmentée après février 2017, la plupart des salaires nets (incluant le traitement indiciaire et l’ISOE ou l’ISAE) seront à peine au niveau voire même dans certains cas inférieurs à ceux de 2010. Par exemple un certifié au 9ème échelon gagnait 2283 euros en 2010, il en gagnera 2281, si aucune mesure nouvelle n’est prise.
De plus des effets pervers pourraient surgir rapidement : fin de la GIPA pour les collègues en fin de carrière et de la prime spéciale d’installation pour les jeunes collègues. De qui se moque-t-on ?
On vous ponctionne et ensuite on dit qu’on vous revalorise en redistribuant quelques points d’indice : le procédé n’est pas neuf
Pour Force Ouvrière une vraie revalorisation, c’est une augmentation de 50 points pour tous et avec rattrapage de la valeur du point d’indice depuis 2010, soit 8%.

La classe exceptionnelle est toujours un grade fonctionnel, tel qu’il avait été imaginé sous la présidence de M. Sarkozy (loi n° 2010-751 du 5 juillet 2010).

80% des promotions sont réservées à des collègues exerçant des fonctions particulières, et pour le reste à des collègues ayant fait preuve d’un parcours exceptionnel, le tout étant inscrit dans le marbre des statuts particuliers des différents corps. Il faudra rédiger un CV pour figurer sur la liste d’aptitude et la nouvelle évaluation jouera un rôle majeur. Une petite minorité des personnels pourra espérer accéder à cette classe.

Quant à la promesse d’une carrière sur au moins deux grades pour tous, les derniers textes nous laissent dans le plus grand doute quand on lit qu’une opposition à l’accès à la hors-classe pourra être formulée par l’autorité hiérarchique. Il n’y a aucun engagement sur l’accès à la hors-classe pour tous les collègues qui partiront en retraite l’année prochaine.

Le projet de refonte de l’évaluation des personnels est toujours aussi dangereux
Il reprend dans ses orientations, la philosophie de la réforme Chatel de mai 2012 : abandon de la note chiffrée annuelle (double notation pour les professeurs du second degré).
Comme en 2012, ce projet d’évaluation des professeurs minore considérablement les tâches d’enseignement en classe au profit de missions annexes, difficilement quantifiables, et fort discutables : « coopérer au sein d’une équipe », « contribuer à l’action de la communauté éducative et coopérer avec les parents d’élèves et les partenaires de l’école/l’établissement. » Il n’apprécie plus le travail des personnels sur la manière dont ils s’acquittent de leurs obligations réglementaires de service définies nationalement, mais sur des exigences décidées localement, dans le cadre des projets d’établissement et des projets éducatifs territoriaux. Les quelques modifications de dernière minute dans le projet de grille d’évaluation ne changent rien à la logique d’ensemble !

Ce projet met en place un « accompagnement des enseignants » qui est relatif à « la construction et la formalisation de la stratégie d’enseignement au sein de l’école ou de l’établissement », ce qui consacre une logique de territorialisation. « L’accompagnement » individuel peut être décidé par le chef d’établissement ou l’inspection voire par le conseil pédagogique en cas « d’accompagnement » collectif !
Des personnels fragilisés et déstabilisés, des avancements d’échelon accélérés et des promotions de grade découlant de cette évaluation qui permet tous les arbitraires : c’est non !

Nous sommes confortés dans le refus de FO de signer en 2015 le protocole PPCR dans la fonction publique, avec la CGT et Solidaires. Bien que syndicalement minoritaire, le Premier ministre avait décidé d’appliquer la méthode du coup de force, malgré la règle légale de l’accord majoritaire qu’il a contribué à mettre en place.

Les syndicats Force Ouvrière de l’enseignement primaire et secondaire, la CGT et SUD se sont adressés ensemble à la ministre pour lui demander de renoncer au dispositif concernant la classe exceptionnelle et l’évaluation ainsi que de véritables négociations sur d’autres bases afin de compenser les pertes de pouvoir d’achat subies par les enseignants.

La ministre veut aller vite !
Présentation pour avis au CTM le 16 novembre : le vote contre s’impose !
Publication des décrets avant le 31 décembre.

Pour la FNEC FP-FO l’urgence c’est l’action commune à tous les niveaux pour repousser ce projet, pour l’abandon du projet d’évaluation.
La FNEC FP-FO propose des assemblées du personnels, des RIS et HIS dans les écoles et établissement secondaires pour rassembler les personnels et leurs organisations syndicales sur cette exigence.

[mayre]

PPCR et évaluation: http://www.fo-fnecfp.fr/IMG/pdf/4_pages_evaluation_-.pdf

[nonau]

Ce PPCR est un enfumage sans précédent! Valls l'a fait passer en force malgré le vote "contre" majoritaire (CGT FO SUD), une sorte de 49;3 de la FP. Pourquoi Valls s'est-il empressé de faire passé ce texte...? Pour faire plaisir à Bruxelles! Ce PPCR permettra de casser notre statut et de ne plus augmenter le point d'indice!

[Goëllette]

Il y a 5 heures, mayre a dit :

Quant à la promesse d’une carrière sur au moins deux grades pour tous, les derniers textes nous laissent dans le plus grand doute quand on lit qu’une opposition à l’accès à la hors-classe pourra être formulée par l’autorité hiérarchique. Il n’y a aucun engagement sur l’accès à la hors-classe pour tous les collègues qui partiront en retraite l’année prochaine.

 

C'est pourtant ce que j'avais compris des promesses du se-unsa et de certains collègues pro ppcr qui se sont exprimés sur ces forums ...

Sinon, sauf erreur, l'autorité hiérarchique peut déjà s'opposer au passage à la hors classe de certains enseignants, notamment ceux qui ont connu des problèmes dans leur carrière. Presque chaque année, je lis dans les CR des syndicats (Je me demande d'ailleurs pourquoi l'Administration ne publie pas les siens.) que la promotion d'un ou de plusieurs collègue a été refusée et éventuellement qu'ils s'y sont opposés mais que le DASEN n'a pas cédé.

[Ollinwan]

J'ai effectué un remplacement dans une classe compliquée dans une école difficile et, quand j'ai parlé de cela à la directrice, totalement déchargée, elle n'a pas trouvé de solution pour que ça se passe mieux, notamment pour les TR, qui se font déborder, cela se passant guère mieux avec la titulaire.

Et dans la discussion, courtoise, qui, du rôle du directeur pour que les remplacements se passent bien dans son école, a dévié sur le PPCR et les injustices faites aux TR, elle s'est clairement placée au-dessus des enseignants, un peu comme ce qu'écrit Montagny.

En gros, elle valait mieux que nous au vu de ses grandes responsabilités ... mais elle ne voyait pas le rôle qu'elle pouvait jouer pour faciliter les remplacements (nombreux) dans son école !

J'ai eu des directions, jamais totalement déchargées, je suis plutôt pour un statut de directeur, et pourtant, une des tâches qui me tenait à cœur était de faire en sorte que les TR ne connaissent pas de problème de gestion de la classe, quitte à jouer les dragons.

[montagny]

Il y a 1 heure, Ollinwan a dit :

J'ai effectué un remplacement dans une classe compliquée dans une école difficile et, quand j'ai parlé de cela à la directrice, totalement déchargée, elle n'a pas trouvé de solution pour que ça se passe mieux, notamment pour les TR, qui se font déborder, cela se passant guère mieux avec la titulaire.

Et dans la discussion, courtoise, qui, du rôle du directeur pour que les remplacements se passent bien dans son école, a dévié sur le PPCR et les injustices faites aux TR, elle s'est clairement placée au-dessus des enseignants, un peu comme ce qu'écrit Montagny.

En gros, elle valait mieux que nous au vu de ses grandes responsabilités ... mais elle ne voyait pas le rôle qu'elle pouvait jouer pour faciliter les remplacements (nombreux) dans son école !

J'ai eu des directions, jamais totalement déchargées, je suis plutôt pour un statut de directeur, et pourtant, une des tâches qui me tenait à cœur était de faire en sorte que les TR ne connaissent pas de problème de gestion de la classe, quitte à jouer les dragons.

je ne me place aucunement au-dessus des enseignants mais le directeur a des responsabilités que les enseignants n'ont pas (voir référentiel métier du directeur) : tous PE mais pas le même métier.

[Ollinwan]

C'est un peu l'impression que tu me donnes dans certains de tes propos.

Faire en sorte que les remplacements se passent bien dans ton école fait bien partie de tes missions. Laisser les TR se débrouiller et vivre un enfer est méprisant, je trouve.

[montagny]

Il y a 2 heures, Ollinwan a dit :

C'est un peu l'impression que tu me donnes dans certains de tes propos.

Faire en sorte que les remplacements se passent bien dans ton école fait bien partie de tes missions. Laisser les TR se débrouiller et vivre un enfer est méprisant, je trouve.

oui bien sûr et j'accueille toujours les remplaçants en leur indiquant les points clés de l'école. Dans chaque classe il y a un memorandum spécial remplaçant.

[Ollinwan]

Mais comment agis-tu si le remplaçant se fait déborder par les élèves de la classe parce qu'ils sont habituellement pénibles ou parce que l'autorité de l'enseignant titulaire n'est pas reportée sur le remplaçant ?

[montagny]

Quand des choses graves se passent et reviennent à mes oreilles alors je m'autorise à intervenir (extrêmement rare). Souvent ce sont les autres enseignants qui me suggèrent d'aller voir le collègue si je ne l'ai pas encore fait...

[juan66]

Ollinwan, lorsqu'un remplacement se passe mal, ne t'attend pas à ce que le/la directeur/directrice vienne te sauver, il n'en est pas plus capable que toi. Si la situation est ingérable, et si c'est pour la journée, tu prends ton mal en patience. Et si le remplacement est censé durer, ben tu simules une gastro le soir même. Nous ne sommes pas des soldats, mais des enseignants. Une classe respectueuse qui tourne bien avec un titulaire, ne va pas devenir ingérable d'un seul coup  à cause d'un remplaçant d'une journée. Et ce n'est certainement pas l'intervention du directeur qui y changera quelque chose.

[Pascal Oudot]

Sur le sujet de la "paye au mérite" dénoncée par les trolls syndicalistes habituels de ce site comme une injustice phénoménale ou je ne sais quelle autre billevesée, je place ici la réponse que j'ai mise dans un autre post. Et vous pouvez me rentrer dedans autant que vous voulez, le Directeur d'école que je suis a du boulot en retard pour faciliter celui des enseignants de son école, et comme il a aussi une classe à plein temps vous comprendrez bien que c'est un peu compliqué, du coup je ne lirai certainement pas les réponses offusquées et autres railleries habituelles truffées de mauvaise foi.

 

Ce que j'en écris:

 

Je vois une certaine tendance au défaitisme dans les commentaires de ce fil. C'est logique, c'est normal, nous nous en prenons tous plein la tronche dans nos métiers compliqués et difficiles que certains s'ingénient à nous compliquer au quotidien sur le terrain.

 

Pour ce qui concerne ceux qui pourraient considérer une certaine injustice dans cette "classe exceptionnelle", je répondrai que pour ma part après plus de quinze années de direction d'école dans de très petites structures de banlieue donc quasiment toujours au pire de ce qui peut se faire, j'ai tellement donné pour que les enseignants puissent bosser dans de bonnes conditions, en court-circuitant le maximum de merde, que je ne refuse pas que ce que j'ai accompli soit considéré comme du bon boulot, voire comme du boulot exceptionnel. Je suis fier de ce que j'ai fait et fais encore pour que mon école "tourne", J'ai beaucoup voire énormément donné, que ce soit reconnu me semble agréable. Si ça en défrise certains je le comprendrai parce que je connais ce travail comme ma poche (j'approche de la retraite) et qu'aujourd'hui encore j'ai une classe à plein temps. Les leçons, merci, qu'on me les épargne, je n'ai plus rien à prouver.

 

Je fais partie de ceux qui seront "a priori" concernés dès septembre 2017. Trente-huit ans de métier dont dix-huit instit, quinze années de remplacement en brigade et en ZIL de deux ans à la troisième de SES, quinze ans dirlo, à l'échelon 6 de la hors-classe, bien considéré me semble-t-il - et contrairement à certains je ne crois pas que ce soit forcément à la gueule du client -. J'espère faire partie du lot, pour un raison simple: je n'en peux plus. Donner, donner tout le temps, donner aux adultes comme aux enfants, ça va bien et ça épuise. Je suis au bout du rouleau, y'a plus de jus. J'ai beau savoir faire, je vois bien que ça craque de partout, surtout dans cette période très compliquée. Alors si je peux, dans un an, dans deux ou trois ans, prendre ma retraite dans de meilleures conditions qu'actuellement, je suis désolé de penser que ce ne sera que mérité. n'en déplaise aux pisse-froid.

 

Je me félicite donc pour cette classe exceptionnelle. Je ME félicite parce que j'en profiterai peut-être, je m'en félicite aussi parce que je fais partie du GDiD et que nous ne sommes pas pour rien là-dedans. Ce n'est pas forcément ce que nous voulions, ce n'est pas forcément ce que nous demandions, mais après le référentiel-métier c'est au moins quelque chose.

 

Je peux vous assurer que je partirai me reposer l'esprit tranquille.