Fusillade à Charlie Hebdo

[Argon]

Non ces spectacles n'ont pas été interdits au nom de la liberté d'expression (je ne comprends pas ta phrase), mais plutôt pour atteinte à la dignité humaine et risque de trouble à l'ordre public.

Toutes les interventions gouvernementales que j'ai entendues à l'époque, non seulement pour commenter mais pour réclamer les décisions de justice, étaient sur le mode : "Nous sommes les premiers défenseurs de la liberté d'expression, mais...". Par les mêmes qui n'hésitent pas à se poser en arbitres de l'humour (Dieudonné) et de la littérature (Houellebecq, Zemmour) depuis les parvis de Beauvau ou de Matignon.

La "liberté mais", la "liberté sauf" pour ceux qui pensent autrement que le pouvoir en place n'ont qu'un très lointain rapport avec la liberté tout court.

De même, aujourd'hui, "nous sommes tous Charlie" — mais une provocation outrancière à la Charlie mène un humoriste en garde à vue. Désolé, je suis rarement d'accord avec Dieudonné et il ne me fait pas beaucoup rire, mais en l'occurrence, c'est Dieudonné qui est Charlie, pas les officiels le frappant d'anathème après avoir défilé bras-dessus, bras-dessous avec des dictateurs et profité de l'occasion pour promouvoir une paire de lois liberticides qui n'attendaient qu'une occasion de ce genre dans leurs tiroirs.

sans compter les plaintes pour incitation à la haine raciale et antisémitisme.

L'un des plus sûrs indices de la dégradation de la dégradation du débat public est la systématisation d'une sorte de novlangue officielle, dont les expressions n'ont plus aucun rapport avec leur sens premier. un "stationnement gênant", ce n'est pas un stationnement qui gêne quelqu'un, mais sur un emplacement arbitrairement décrété tel ; le "mariage pour tous", ce n'est pas pour tout le monde, mais son extension à quelques catégories particulières ; et on peut être condamné pour "incitation à la haine raciale" en appelant à l'amitié et à l'égalité entre les races (sur plainte d'associations qui ne perdent pas une occasion d'en contester l'existence...)

[pepite100]

J'ai fait 5 bureaux de tabac ce matin à partir de 7h20.

Impossible de trouver le Charlie Hebdo.

Certains ne vont même pas être réapprovisionnés.

[Maethina]

Moi non plus je n'ai pas réussi à l'avoir ... Mais je viens d'entendre sur France Info qu'il va être re édité : au total 5 millions d'exemplaires .

Certains en profitent pour mettre du beurre dans les épinards : voir les prix de vente hallucinants du numéro sur EBay .... Degueulasse !

[Dramstein]

Il y a eu une 50aine de demandes pour déposer la marque "je suis Charlie", heureusement refusées...

Dieudo est en garde à vue.

Son lamentable "Je me sens Charlie Coulibaly" (c'est de l'humour, trop drôle en effet, après l'assassinat d'une policière et de 4 compatriotes juifs...) peut lui coûter 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende.

[Argon]

Dieudo est en garde à vue.

Son lamentable "Je me sens Charlie Coulibaly" (c'est de l'humour, trop drôle en effet, après l'assassinat d'une policière et de 4 compatriotes juifs...) peut lui coûter 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende.

Ce n'est pas mon type d'humour, mais c'est clairement le genre de détournement qu'on aurait pu trouver dans les pages de Charlie, à mon sens.

Quand Dieudonné écrit « Je me sens un peu Charlie Coulibaly », personnellement, j'entends un double message (forcément, Dieudonné étant Dieudonné) :

1/ Je suis Charlie, nous sommes tous Charlie, et les crimes de la semaine dernière sont horribles ; mais je suis, nous sommes tous un peu aussi Amedy Coulibaly, et c'est un peu facile de se laver les mains de ses crimes en les mettant sur le compte du fanatisme ou de la folie. La dérive de Coulibaly, c'est aussi une conséquence de la marginalisation de certains jeunes de banlieue dans notre société, et nous en sommes tous co-responsables." (j'ajoute que, à mon sens, cela vaut plus encore pour nous, enseignants).

2/ Je suis, moi Dieudonné, un humoriste outrancier, comme les collègues de chez Charlie ; mais je suis aussi Noir, comme Coulibany, et particulièrement sensible au racisme anti-Noir ambiant qui a probablement nourri, voire explique en partie, sa dérive idéologique.

J'ajoute que, à titre personnel, je considère la seconde lecture comme raciste, au sens où l'est indubitablement Dieudonné — mais aussi le CRAN et pas mal d'autres — mais qu'il n'y a aucun moyen de la lire de bonne foi comme une incitation à la haine, raciale ou autre. La véritable raison des procédures brutales contre Dieudonné (une garde à vue immédiate et ultra-médiatisée pour délit de presse, vraiment ?) est évidemment la première interprétation : il ne manquerait plus qu'on ose demander des comptes au pouvoir sur ses responsabilités indirectes dans le drame !

[cm88]

Je ne suis pas responsable de ces atrocités. Je suis Charlie plus que jamais, et cela fait des années que je regarde, impuissante, la montée des intégrismes, des intolérances, avec comme seule riposte, la pensée unique dictée par la finance. Du fric, à tous prix, au mépris de tout.

C'est ça que dénoncent Charlie, le Canard, Siné, Médiapart, bref, les rares médias indépendants d'aujourd'hui.

Tous les pouvoirs ont laissé faire. Le point de non-retour, c'était la guerre en Afghanistan, l'URSS contre les Moudjahidins, financés par les Etats-Unis. Du grand art. Et puis après, la chute, une par une, des dictatures du bloc communiste, puis ce fut l'Irak, l'Egypte, la Libye, la Tunisie.... alors oui, la disparition des dictateurs est toujours une bonne nouvelle, mais pas dans des pays où on connait si peu la démocratie et où on laisse régner des barons locaux, des chefs de tribus (qui n'ont eu qu'à se servir dans les entrepots militaires....). Et puis Israël, la Palestine....

Et puis, parallèlement à ça, les difficultés d'intégration dans nos pays occidentaux, le rejet, le chômage, le racisme..... et la montée des communautarismes, être avec des gens qui nous ressemblent, qui pensent comme nous, c'est rassurant. Du pain béni pour tous les ayatollahs instruits qui connaissent bien les Occidentaux, leur mode de vie, les difficultés des populations d'origine étrangère....

Et pourtant, il y avait des signes inquiétants depuis longtemps, les attentats dans les capitales européennes, et le 11 septembre....

Bref : nous sommes assis sur une énorme poudrière qui n'a pas fini de nous péter à la gueule, et je ne me sens pas du tout responsable, parce que le bulletin de vote que je mets dans l'urne ne devrait pas donner quitus à tout et n'importe quoi. Le formidable espoir issu de la Chute du Mur de Berlin est retombé aux mains des nébuleuses du fric, conseillères numéro un de tous les gouvernements de la planète. Le Proche et le Moyen-Orient, c'est le pétrole, l'eau, les gazoducs, des voies de communication nombreuses, une terre convoitée depuis si longtemps, alors, allons-y franco, à tous prix, par tous les moyens.

Il n'y a jamais eu autant de richesses si peu partagées.

Pas d'avenir, pas d'espoir, alors on tombe dans les filets des intégrismes de tout bord, qui promettent monts et merveilles et surtout, qui désignent des boucs émissaires tellement faciles à fustiger.

Et la cerise sur le gâteau, c'est le désastre de l'Ecole : car c'est l'Education et la Culture qui sont les vraies armes contre tout ça, donner aux gens les moyens de penser, réfléchir, leur parler de valeurs à propos desquelles ont pourrait réfléchir.

Sarko a supprimé 60 000 postes à l'Education Nationale, plus de 10 000 postes de flics.

Les médias ont cultivé la peur de l'autre, l'intox, les informations déformées.

Les libéraux ont labouré le terrain pour mettre en avant l'Avoir, au détriment de l'Être (une console de jeu au détriment des livres)

Le lavage de cerveaux est en bonne place.

La réflexion, les vrais débats, disparaissent au profit de l'émotionnel pur, surtout dans les médias télévisés....

Alors, finalement, la religion, c'est un prétexte. Comme toujours.

Alors, quand Zazie chante "j'étais là, et je n'ai rien fait", c'est parce qu'elle n'a pas pu. Comme moi, comme vous. Parce qu'on nous confisque nos vrais pouvoirs, parce que nos voix sont inaudibles, c'est particulièrement vrai pour nous autres, enseignants, qui voyons la France profonde au quotidien.....

Je ne suis pas responsable du drame d'aujourd'hui.

Je suis Charlie.

+1

[cm88]

Dieudo est en garde à vue.

Son lamentable "Je me sens Charlie Coulibaly" (c'est de l'humour, trop drôle en effet, après l'assassinat d'une policière et de 4 compatriotes juifs...) peut lui coûter 7 ans de prison et 100 000 euros d'amende.

Ce n'est pas mon type d'humour, mais c'est clairement le genre de détournement qu'on aurait pu trouver dans les pages de Charlie, à mon sens.

Quand Dieudonné écrit « Je me sens un peu Charlie Coulibaly », personnellement, j'entends un double message (forcément, Dieudonné étant Dieudonné) :

1/ Je suis Charlie, nous sommes tous Charlie, et les crimes de la semaine dernière sont horribles ; mais je suis, nous sommes tous un peu aussi Amedy Coulibaly, et c'est un peu facile de se laver les mains de ses crimes en les mettant sur le compte du fanatisme ou de la folie. La dérive de Coulibaly, c'est aussi une conséquence de la marginalisation de certains jeunes de banlieue dans notre société, et nous en sommes tous co-responsables." (j'ajoute que, à mon sens, cela vaut plus encore pour nous, enseignants).

2/ Je suis, moi Dieudonné, un humoriste outrancier, comme les collègues de chez Charlie ; mais je suis aussi Noir, comme Coulibany, et particulièrement sensible au racisme anti-Noir ambiant qui a probablement nourri, voire explique en partie, sa dérive idéologique.

J'ajoute que, à titre personnel, je considère la seconde lecture comme raciste, au sens où l'est indubitablement Dieudonné mais aussi le CRAN et pas mal d'autres mais qu'il n'y a aucun moyen de la lire de bonne foi comme une incitation à la haine, raciale ou autre. Mais que la véritable raison des procédures brutales contre Dieudonné (une garde à vue immédiate et ultra-médiatisée pour délit de presse, vraiment ?) est évidemment la première interprétation : il ne manquerait plus qu'on ose demander des comptes au pouvoir sur ses responsabilités indirectes dans le drame !

+1

[Moustache]

Les dessins de Charlie n'ont jamais tué personne, les idées de certains pseudos humoristes et leurs acolytes...

Pour ceux qui, comme moi, n'ont pas trouvé Charlie en kiosque ce matin, après avoir été épuisé, il est à nouveau en vente en ligne ici : http://www.journaux.fr/charlie-hebdo_news-opinions-politique_actualite_160526.html (3 € + 2.59 € de port) Commandé !

Et si on est très pressé de le lire, avant de recevoir son exemplaire par la poste, on trouve déjà le PDF qui circule sur le net... mais là...

[Mel(yMélo)]

UNe des différences relevées par la Justice lors des divers procès Charlie et Dieudonné, c'est que le second ne s'en prend qu'aux Juifs. Lanzmann disait pzareil dans le film sur le procès de Charlie.

[Argon]

UNe des différences relevées par la Justice lors des divers procès Charlie et Dieudonné, c'est que le second ne s'en prend qu'aux Juifs. Lanzmann disait pzareil dans le film sur le procès de Charlie.

C'est une différence de nature idéologique : Charlie se dit anti-religieux, Dieudonné anti-sioniste. Les deux contestent vigoureusement tout anti-sémitisme.

Mais le fait de taper également sur tout le monde ne change rien à la question de base : a-t-on, ou non, le droit de critiquer violemment, de caricaturer, de contester la légitimité de ce que d'autres tiennent pour sacré, et central à leur identité ? Personnellement, ma position est un OUI sans équivoque — étant bien entendu que ceux que cela irrite ont également le droit de répondre sur le même ton — mais je conçois que la réponse opposée soit possible. Ce qui passe plus mal, et que dénonce bruyamment Dieudonné, c'est le deux poids, deux mesures : liberté totale pour les opinions bien vues par le pouvoir, censure pour les autres. Liberté d'insulter Zemmour ou Dieudonné, mais procès au moindre de leurs soi-disant "dérapages".

[chableu]

Je me demande ce que les pays d'Asie ont pensé de tout cela....je n'ai rien lu ni entendu....

[abel27]

La dérive de Coulibaly, c'est aussi une conséquence de la marginalisation de certains jeunes de banlieue dans notre société, et nous en sommes tous co-responsables." (j'ajoute que, à mon sens, cela vaut plus encore pour nous, enseignants).

Alors, là, non. On se démène avec juste notre bonne volonté, pas de moyens, une formation minable et ce serait encore de notre faute !

Hors de question !