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Fusillade à Charlie Hebdo


André Jorge

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J'en a rien à cirer de qui il y aura à côté de moi et de son parti politique, il y aura juste à ce moment-là des êtres humains qui condamnent la même chose, et qui pleurent pour les mêmes raisons.

A une nuance près, et je suppose que même si tu ne l'as pas écrit, tu seras d'accord : si cette manifestation était à l'appel d'un parti xénophobe, je trouverai un autre moyen d'exprimer ma tristesse, mon soutien.

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Une grande manifestation d'unité nationale est un gage de paix pour le pays !

F%C3%AAte-de-lunit%C3%A9-nationale-1939.

...ou pas.

fais gaffe...ça tend vers le point Godwin ça ... :tongue:

:cry:

c'est pour détendre un peu...

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:devil:

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Ne peut-on pas juste avoir envie de se rassembler, tous, pour rendre hommage à ces victimes, pour condamner ces actes, point barre?

J'en a rien à cirer de qui il y aura à côté de moi et de son parti politique, il y aura juste à ce moment-là des êtres humains qui condamnent la même chose, et qui pleurent pour les mêmes raisons.

Pff, est-ce qu'on peut pas 5 min arrêter de trop réfléchir, de trop penser, de trop analyser, de trop juger et juste se poser en se disant "on n'est pas d'accord avec ce qui vient de se passer, on va le montrer" :angry:

Bien sûr, mais on peut aussi demander aux élus d'enlever leur écharpe afin qu'ils redeviennent quelques instants des citoyens lambdas, on peut aussi rêver de ne pas entonner la marseillaise par respect pour Charlie Hebdo, on peut aussi rêver que l'espace de cette marche chacun laisse ses prières à la maison et les fasse en rentrant chez lui s'il le souhaite. On peut quand-même rêver que l'espace de quelques heures, on se rassemble tous derrière une bannière qui est quand même pas mal et qui devrait être notre racine commune : "Liberté, égalité, fraternité".

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Il me semble avoir été la première, sur ce sujet, à mettre en garde contre la manipulation possible de l'émotion populaire.

Gardons notre libre arbitre.

Et heureusement que tu étais là pour nous mettre en garde, nous n'aurions sans doute pas été capables de le faire par nous même... :getlost:

Et je rajoute que je lisais pas Charlie avant et que j'aurais été tout autant scandalisée si on avait tué des journalistes du Figaro.

Bien sûr, mais il y a peu de risque qu'ils l'aient été à cause de leur impertinence et pour attenter à leur liberté d'expression.

Donc on ne peut pas tout à fait comparer.

Mais si, justement je compare. L'un et l'autre sont organes de presse et exercent leur liberté d'expression.

Bien évidemment que l'impertinence de Charlie est sans commune mesure avec le Figaro ; ça n'est pas le propos. Mon propos était de dire que ce n'est pas la couleur politique du journal qui me fait me réagir aujourd'hui. :)

Vu comme je me suis faite huer sur l'instant, non, apparemment, ça n'était hélas pas le cas. J'en suis désolée.

Quant au message, tu m'as mal comprise ou je me suis mal exprimée.

Ce que je voulais écrire, c'est qu'être "Figaro" n'a pas toute la même connotation qu'être "Charlie", et je ne suis pas sûre que les journalistes du Figaro aient tous été pour le droit de "Charlie" de publier certains articles et dessins.

Tuer des journalistes du Figaro pour les mêmes raisons que ceux de Charlie Hebdo ont été assassiné a très peu de chances de se produire... ce qui ne m'empêche pas de lire lefigaro.fr !

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Une grande manifestation d'unité nationale est un gage de paix pour le pays !

F%C3%AAte-de-lunit%C3%A9-nationale-1939.

...ou pas.

fais gaffe...ça tend vers le point Godwin ça ... :tongue:

:cry:

c'est pour détendre un peu...

D'autres moments de rassemblement dans un esprit d'union nationale ne sont guère plus rassurants...

640px-CharlesThevenin-FeteDeLaFederation

La Fête de la fédération, le 14 juillet 1790 au Champ-de-Mars

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D'ailleurs, la preuve que je lis lefigaro.fr, je vous mets ce lien vers un article qui me semble intéressant : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/01/10/31003-20150110ARTFIG00087-jean-pierre-le-goff-le-desir-d-union-ne-doit-pas-nous-empecher-d-affronter-la-realite.php

Jean-Pierre Le Goff : «Le désir d'union ne doit pas nous empêcher d'affronter la réalité»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le sociologue se réjouit de la marche organisée ce dimanche en hommage aux victimes du terrorisme. Il rappelle néanmoins qu'il ne s'agit pas seulement de manifester une compassion, mais aussi d'affirmer avec force ce à quoi nous tenons dans notre héritage politique et culturel.

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Jean-Pierre Le Goff, né en 1949, est philosophe de formation, écrivain et sociologue au CNRS. Ses ouvrages portent , sur les évolutions problématiques de la société françaises, notamment les paradoxes de Mai 68 et le gauchisme culturel. Son dernier livre La Fin du village. Une histoire française est paru chez Gallimard en 2012.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO@AlexDevecchio

FIGAROVOX: Après le massacre de Charlie Hebdo une marche citoyenne est organisée ce dimanche. Que vous inspire celle-ci? Que révèle-t-elle de notre société?

Jean-Pierre Le Goff: Le mouvement d'indignation et de solidarité qui s'est élevé dans tout le pays contre la barbarie du terrorisme islamiste fait chaud au cœur. C'est un fort sentiment patriotique et d'attachement au valeurs républicaines qui s'exprime avec force, avec l'appui fraternel des autres pays européens, des États-Unis et de tous les peuples du monde attachés aux valeurs démocratiques. Telle est la première leçon essentielle qu'il s'agit de retenir. Elle nous réconforte. Mais l'émotion, l'indignation et l'indispensable unité nationale ne doivent pas nous empêcher de réfléchir et de commencer à tirer les leçons de l'épreuve que nous traversons.

Avec ces meurtres terroristes de sang froid, c'est toute une mentalité pacifiste et angélique, présente en France et dans nombre de pays européens depuis plus de trente ans, qui vole en éclats. Il n'en résulte pas nécessairement une claire compréhension de ce qui nous arrive et de ce à quoi nous avons affaire. La vision de la souffrance et de la mort, relayée et diffusée en continu à la télévision, nous confronte soudainement à l'horreur, déstabilise les repères du sens commun. Tels sont du reste les buts visés par ces criminels qui jouent sur la terreur et ses effets de sidération. Devant la barbarie, l'émotion et l'indignation risquent de tout emporter. Les effort de compréhension et de résistance semblent un moment suspendus: comment cela a-t-il été possible? Comment peut-on en arriver à commettre de tels actes barbares?

Le terrorisme cherche à créer un sentiment d'impuissance devant une menace diffuse qui semble pouvoir surgir à tout instant. Il installe ainsi un climat permanent d'angoisse et d'insécurité dans la population. Le terrorisme islamiste s'accompagne d'un discours de haine contre l'Occident, contre «les juifs et les croisés» et tous les représentants de Satan. Pour des citoyens vivant dans un pays démocratique moderne qui a pu se croire à l'abri des désordres du monde, ce vocabulaire paraît fou et d'un autre âge, accentuant un peu plus le caractère incompréhensible des crimes commis.

Un tel type de posture et de réaction première s'apparente à un aveuglement, à un refus de se confronter à une mentalité fanatique qui désarçonne nos références morales et nos cadres de pensée. Ce discours de l'excuse a assez duré.

Un sociologisme réducteur qui a longtemps prévalu - et a encore des restes - est censé apporter une explication. Il considère que les discours de haine et les actes criminels ne sont que les symptômes des conditions économiques et sociales, des discriminations, de la domination des pays riches sur les pays pauvres… L'illusion consiste alors à penser que la lutte contre le terrorisme peut se limiter à «assécher son terreau» en s'attaquant aux conditions économiques, sociales, politiques… qui le rendent possible. C'est comme si, nous retrouvant face à un meurtrier bien décidé à nous tuer et qui nous le fait savoir, notre premier réflexe serait de ne pas le prendre tout à fait au sérieux, l'important en l'affaire étant avant tout de connaître les causes «objectives» (et non «idéologiques») qui le poussent à vouloir nous supprimer. Une telle perversion de la pensée qui se coupe du monde et de l'expérience commune n'est pas sans rappeler la réaction d'intellectuels qui, face à la montée du nazisme en Allemagne, avaient chacun leur théorie sur Hitler et se laissaient prendre au piège de leur propre construction. Un tel type de posture et de réaction première s'apparente à un aveuglement, à un refus de se confronter à une mentalité fanatique qui désarçonne nos références morales et nos cadres de pensée. Ce discours de l'excuse a assez duré. Avec ce qui vient de se passer, cette attitude présente chez une partie de la jeunesse, d'intellectuels gauchistes et de journalistes militants est désormais en morceaux. On peut encore essayer de se raccrocher à des explications psychologiques (des «fous» accomplissant des actes insensés) et les cellules psychologiques sont là pour aider à sortir du traumatisme.

Mais, là aussi, si la dimension psychologique, psychiatrique, est bien réelle, elle ne saurait pour autant rassurer. Le fanatisme religieux, en l'occurrence islamiste, les idéologies meurtrières ne sont pas seulement l'expression débridée de pulsions destructrices, ils s'articulent à un système de croyances qui ont leur consistance propre, mettent en jeu des conceptions du monde, de la vie et de la mort, du pouvoir…, désignent l'ennemi à combattre et à éliminer. C'est cette réalité qu'ont du mal à affronter des individus autocentrés qui voient le monde comme le prolongement d'eux-mêmes, de leurs relations affectives et de leurs sentiments. Dans une société morcelée et déconnectée de l'histoire, la psychologie a tendance à s'ériger en nouvelle explication globale du monde, tandis que l'émotion et la morale des bons sentiments envahissent le discours politique. Telles me paraissent être les failles de notre compréhension et de nos réactions. Il ne faut pas craindre d'affronter lucidement la question des faiblesses internes des démocraties, sur lesquelles cherche précisément à s'appuyer le terrorisme islamiste. C'est une condition de l'efficacité du combat contre lui.

Le désir d'union et de rassemblement, pour important qu'il soit, ne peut-il pas développer une certaine naïveté face à des ennemis armés et implacables?

Il n'y a pas si longtemps, en 2004, la « nuit blanche » de la mairie à Paris fut dédiée à la fois à Françoise Sagan (« une femme qui a aimé la nuit ») et à tous ceux qui étaient pris en otage, ce qui en dit long sur le décalage existant entre un certain type de mentalité festive et les nouveaux défis qui sont posés aux sociétés démocratiques.

En France et au sein d'autres pays européens, une partie de l'opinion a encore du mal à admettre que nous puissions avoir des ennemis qui veulent nous détruire et qu'il faut combattre avec la plus grande fermeté dans le cadre d'un État de droit.

On signe des pétitions, on allume des bougies, on se tient la main, on manifeste en silence… Ces manifestations expriment l'indignation et la solidarité avec les victimes, elles montrent l'unité d'un pays dans le refus du terrorisme. Mais la façon dont elles font valoir les valeurs démocratiques ne saurait laisser entendre que tout pourrait être affaire d'ouverture, de tolérance, en dehors de la force, de la puissance, de la fermeté qui permettent de défendre ces valeurs démocratiques. Il n'y a pas si longtemps, en 2004, la «nuit blanche» de la mairie à Paris fut dédiée à la fois à Françoise Sagan («une femme qui a aimé la nuit») et à tous ceux qui étaient pris en otage, ce qui en dit long sur le décalage existant entre un certain type de mentalité festive et les nouveaux défis qui sont posés aux sociétés démocratiques. Le problème, est, que même si vous ne voulez pas d'ennemi, «c'est l'ennemi qui vous désigne»: «Et s'il vous choisit vraiment comme ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles prestations d'amitié. Du moment qu'il veut que vous soyez l'ennemi, vous l'êtes. Et il vous empêchera de cultiver votre jardin .»

La France et les sociétés démocratiques occidentales en paix depuis 50 ans, ont-elles perdu toute conscience du tragique de l'Histoire?

Qu'on le veuille ou non, la France est en guerre contre le terrorisme islamiste en Afghanistan, au Mali, en Irak et ce terrorisme a des relais au sein de notre pays. Ce sont précisément ces réalités que beaucoup d'entre nous ont du mal à regarder en face parce qu'ils vivent depuis des années dans l'illusion d'une monde pacifié.

Après la chute du mur de Berlin, la proclamation d'une supposée «fin de l'histoire» n'impliquait pas seulement l'idée que le libéralisme économique pouvait désormais s'épanouir sans entrave, mais celle d'une relégation des conflits et des guerres dans une sorte de préhistoire antidémocratique. La perspective supposée d'une fin de l'histoire impliquait en même temps celle de la fin du tragique qui lui est inhérent. L'Union européenne s'est construite sur une volonté de paix légitime entre les peuples européens. Celle-ci s'est accompagnée d'une éthique des droits de l'homme et d'un libéralisme économique qui ont pu laisser croire que tout était désormais affaire de «gouvernance», de respect du droit et de dialogue entre les peuples, en oubliant le jeu des intérêts, des rapports de force, des volontés de puissance… Les politiques qui s'y trouvaient confrontés ne pouvaient l'ignorer, mais la façon dont ils ont fait valoir la construction européenne a renforcé les illusions existant au sein d'une partie de l'opinion qui a tendance à confondre la politique avec les «droits de l'homme», voire avec la morale de la bonne intention. Tel a été le point aveugle des sociétés démocratiques européennes «post-totalitaires», encore marquées par les souvenirs des guerres dévastatrices et des barbaries qui ont eu lieu sur leur sol. En France, en guise de récit national, une mémoire pénitentielle et victimaire a pris le dessus, encouragée et entretenue par des associations et des groupes de pression communautaires qui ont développé le ressentiment et la haine de soi. Cette mentalité nous divise et nous désarme face à ceux qui ont juré de mettre à bas notre pays et les démocraties partout dans le monde. L'unité nationale dans le combat contre le terrorisme islamiste implique d'en finir avec cette mésestime de soi.

En France, en guise de récit national, une mémoire pénitentielle et victimaire a pris le dessus, encouragée et entretenue par des associations et des groupes de pression communautaires qui ont développé le ressentiment et la haine de soi.

Les responsables politiques ont dénoncé la barbarie de cet attentat et appelé à éviter les amalgames. Mais comme l'a rappelé Jean-François Kahn, il a fallu un communiqué du FN pour que les mots «terrorisme islamiste» soient employés. Comment expliquez-vous cette difficulté à nommer nos ennemis?

Il faut le dire clairement : la reductio a Hitlerium, l'obsession du « fascisme montant » sur le modèle passé sont une forme d'enfermement mental qui se refuse à affronter les nouveaux défis du présent et fait le lit de l'extrême droite.

J'ai eu la même réaction que Jean-François Kahn - et je ne suis pas le seul -, en écoutant la première déclaration de Marine le Pen qui parlait clairement face à l'embarras de certains hommes politiques à dire que nous étions en guerre et à nommer nos ennemis. Antérieurement, on a voulu essayer de remplacer à tout prix «État islamique» par «Daesh», en expliquant que cela éviterait une «confusion avec islam, islamisme, musulmans». La crainte justifiée des amalgames ne peut servir d'argument pour ne pas regarder la réalité en face, en parlant d'un terrorisme indéfini créé ex nihilo, venant d'on ne sait où et s'abattant sur le pays comme une catastrophe naturelle. Il en va de même des craintes et des allusions constantes à la montée de l'extrême droite en Europe qui «zappent» et évitent le sujet. Sans parler des allusions constantes à la «zemmourisation des esprits», voire au livre de Houellebecq et aux amalgames les plus grossiers de journalistes militants de gauche qui, depuis des années, ont transformé l'antifascisme en posture identitaire et de valorisation dans les médias bien-pensants. Tout cela est dérisoire et lamentable, pour ne pas dire indigne, face aux épreuves que connaît notre pays. Il faut le dire clairement: la reductio a Hitlerium, l'obsession du «fascisme montant» sur le modèle passé sont une forme d'enfermement mental qui se refuse à affronter les nouveaux défis du présent et fait le lit de l'extrême droite. Ce petit jeu propre à une gauche bête et sectaire, qui ne vit que dans un face à face délétère avec ce qu'elle dénonce, a assez duré. L'unité du pays dans l'épreuve et la lutte contre le terrorisme islamiste exige une autre tenue.

De ce point de vue, les cafouillages de la gauche dans l'organisation d'une manifestation symbolisant l'unité du pays et son refus d'y inclure le Front national, qui représente désormais une partie importante de l'électorat, a été ressentie par une bonne partie de l'opinion comme une manœuvre de récupération politicienne, une incapacité d'être à la hauteur de la situation que connaît notre pays. Un tel ostracisme vis-à-vis du Front national ne peut, une fois de plus, que le renforcer.

Enfin, le refus de tout amalgame, la lutte contre l'islamophobie et la répression des attaques contre les mosquées, comme tous les autres lieux de culte, ne sauraient passer outre des questions légitimes que se pose l'opinion: comment en est-on arrivé à ce que la France soit devenue un pays où l'on tue des citoyens pour blasphème et liberté d'opinion, où l'on agresse et l'on assassine des enfants et des citoyens parce qu'ils sont «juifs»? Comment de jeunes Français convertis à l'islam en sont-ils arrivés à adhérer à l'islamisme radical et à des groupes barbares et sanguinaires? Comment ont-ils pu partir faire le «djihad» dans des pays en guerre et revenir pour apporter la terreur dans notre pays et dans d'autres pays démocratiques?

Comment en est-on arrivé à ce que la France soit devenue un pays où l'on tue des citoyens pour blasphème et liberté d'opinion, où l'on agresse et l'on assassine des enfants et des citoyens parce qu'ils sont « juifs » ?

Répondre à de telles questions n'implique pas seulement de comprendre les situations et la psychologie particulières des «djihadistes» ou de les envisager seulement comme de simples mécanismes sectaires, mais de réexaminer la façon dont depuis des années on a laissé se développer un islam fondamentaliste qui, s'il ne se confond pas avec le terrorisme, n'en a pas moins été souvent le terreau premier des tueurs en question? Ce qui implique d'aborder clairement le délicat problème du financement des mosquées et des imans prêchant un islam intégriste et liés à des pays avec qui nous entretenons de bonnes relations il en va de même pour les discours de haine et l'antisémitisme qui se déploient quotidiennement sur les réseaux sociaux. Ces questions concernent tous les citoyens, en même temps que nos compatriotes musulmans et leurs représentants ont un rôle décisif à jouer pour que domine en France et dans l'Union européenne un islam qui s'intègre à l'héritage des Lumières et à notre modèle républicain.

Iriez-vous jusqu'à dire que l'on paie aujourd'hui le prix d'un certain déni du réel et d'une forme de relativisme culturel? La «bulle protectrice» dans laquelle nous vivions semble être sur le point de voler en éclat, mais y sommes-nous réellement préparés?

Nous ne pouvons plus en rester à un relativisme culturel et politique qui élude constamment la question de savoir ce qui nous spécifie comme pays et comme civilisation.

Les événements tragiques que connaît notre pays sont une cruelle épreuve du retour de la réalité après des années de déni ou d'édulcoration de phénomènes comme la montée du communautarisme et de l'intégrisme, les nouvelles formes de banditisme, le développement de l'antisémitisme et de l'islamisme radical…, dont les acteurs de terrain ont une conscience aigüe depuis longtemps. Les travailleurs sociaux dans les quartiers, les enseignants dans des classes difficiles, les magistrats, les policiers et les gendarmes, les services de renseignements… n'ont cessé d'alerter les pouvoirs publics. On n'en a pas moins laissé s'accumuler les tensions et les points de fractures en les recouvrant d'une langue de bois sociologisante, de rapports et d'«outils» d'évaluation en tout genre qui se sont montrés globalement impuissants à contrer ces phénomènes délétères. Le chômage de masse n'a rien arrangé. Affronter ces réalités sans pour autant se sentir désarmé n'a rien d'évident. Dans ce domaine comme dans les autres, le travail de reconstruction ne se fera pas en un jour. Mais encore s'agit-il de cesser de dénigrer nos idéaux républicains au nom d'un «multiculturalisme» invertébré, d'un communautarisme et d'un individualisme victimaires qui laminent la confiance en nous-mêmes. Nous ne pouvons plus en rester à un relativisme culturel et politique qui élude constamment la question de savoir ce qui nous spécifie comme pays et comme civilisation. Un pays qui rend insignifiant son passé se condamne à ne plus inventer un avenir discernable porteur des espérances d'émancipation ; un pays qui ne croit plus en lui-même est ouvert à toutes les servitudes.

Nous ne manquons pas de ressources. Le peuple français et ses représentants ont su relever les défis et surmonter les épreuves tout au long de l'histoire. Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de manifester une compassion envers les victimes et leur rendre hommage, mais d'affirmer avec force ce à quoi nous tenons dans notre héritage politique et culturel, français et européen. En ce sens, le mouvement qui s'est affirmé dans tout le pays peut être un levier d'un renouveau démocratique face au terrorisme islamiste, aux barbaries et aux désordres du nouveau monde. Tel est du moins mon souhait. En l'affaire, rien n'est joué d'avance, mais la France et l'Europe n'ont pas dit leur dernier mot.

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Aujourd'hui, des milliers, des millions de personnes vont aller manifester derrière des élus qui vont brandir leur écharpe, qui vont chanter la marseilaise, ils vont manifester derrière un ancien président qui mercredi nous a dit avec solennité que nous étions dans une guerre de civilisation, qui nous avait dit il y a quelques années que les valeurs d'un curé était plus importantes que celles d'un instit...

Ce matin, je rêve... Je rêve que le rassemblement de Paris prenne un sens historique fort, il suffirait pour cela que les citoyens du peuple ordinaire marchent devant et reléguent les élus, les "leaders d'opinion" en queue de manifestation au rang de suiveurs. Malheureusement, je crains que ce ne soit encore une fois l'inverse...

Il va donc bientôt falloir arrêter de tortiller du cul, appeler un chat un chat et devenir RESPONSABLE afin de sauver ce(ux) qu'on peut encore sauver. Réécoutons Philippe Val au soir du 7 janvier 2014, c'est important... sinon c'est mort...

Je m'en fous de la place que j'ai dans la manif...devant derrière... et comme beaucoup je n'y vais pas à l'appel des politiques....

En même temps à droite comme à gauche, ils ont le droit d'être choqués, tristes, inquiets et et ils ont le droit de l'exprimer... et s'ils sont d'accord pour une fois... ils ont même le droit de le faire ensemble...

Je ne me sens pas mouton et je ne juge pas ceux qui n'y vont pas...

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Chacun fait ce qu'il veut, du moment qu'il pense être en accord avec sa pensée. Perso, j'aurais sans doute manifesté il y a un ou deux jours...mais, après réflexion, je me dis qu'il s'agit bel et bien d'une récupération politique, que cette manif est à l'opposé de l'esprit de "Charlie Hebdo", et que oui, mon orgueil :sort: m'empêche de participer à cette marche "républicaine" (transformé en parade médiatico-sentimentale). Puis, désolé, je suis certain (tout en espérant me tromper) que ce genre de manif, si elle parait être une "union nationale fraternelle" dans un premier temps, peut s'avérer être une fracture plus tard. Voir des "je suis Charlie" transformés en "je suis juif" , c'est pas ma tasse de thé !

Puis franchement, tous ces chefs d'Etat et leurs cliques, réunis alors que leur politique d'austérité conduit aux extrémismes, ça sonne trop faux...

Ils seraient pliés de rire les Cabu , Charb et les autres... :tongue:

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Pff, est-ce qu'on peut pas 5 min arrêter de trop réfléchir, de trop penser, de trop analyser, de trop juger et juste se poser en se disant "on n'est pas d'accord avec ce qui vient de se passer, on va le montrer" :angry:

je suis d'accord avec cette phrase , je suis d'accord pour montrer que je ne suis pas d'accord et en même temps je n'arrête pas de me dire "comment en est on arrivé là? et juste après "mais que peut on faire pour changer les choses ?"

montrer qu'on n'est pas d'accord c'est important et c'est le point de départ mais il ne faut pas en rester là ! nous devons construire , faire évoluer, changer notre société par des actes suite à cela !

et en tant qu'instit je suis convaincu que c'est maintenant que nous devons nous indigner et exiger une vraie refondation de notre système éducatif car :

weapon-of-mass-instruction.jpg?w=590&h=4

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Il préfère que les gens disent bien fait pour eux? (comme on peut le lire sur certains réseaux sociaux?)

:blink: Relis les propos cités, ce n'est pas du tout ce qu'il dit...il est beaucoup plus nuancé que ça et reconnaît que c'est une bonne chose que les gens naturellement se rassemblent.

Je déteste et j'ai toujours détesté ce journal, ça ne m'empêche pas de condamner ce qui est arrivé, car c'est la violence que je condamne, ce n'est pas pour ça que d'un coup je vais me mettre à aimer charlie hebdo...

Mais qui a dit qu'il fallait se mettre à aimer Charlie Hebdo? Admettons que ce soit arrivé dans une autre rédaction, j'ose espérer que l'élan aurait été le même. Y'a des titres que vraiment j'apprécie pas, mais la question là n'est pas de se mobiliser par affinité lectorale!

Je ne pense pas non plus que le Pape soit devenu fan de ce journal...

Et...alors? :huh: Est-ce que par là peut-être tu veux dire que tu as en quelque sorte raison de ne pas aimer Charlie Hebdo, parce que le pape ne doit pas l'aimer non plus? :idontno:

Quand il dit," nous avons de nouveaux amis comme le pape ou la reine d'Angleterre" je pense que ami n'est pas le bon terme car il ne s'agit pas d'aimer ou non ce journal, d'en être l'ami mais simplement de les soutenir dans ce qui a été un acte ignoble.

Je trouve ça plutôt chouette que tout le monde s'unisse dans cet événement dramatique.

Ce qui est ironique, pour les "survivants" de CharlieHebdo, c'est qu'aujourd'hui les personnes et communautés contre lesquelles ils ont toujours voulu lutter leur rendent hommage...

Ton bon vieil ami le Pape, au lieu de dire qu'il condamne la violence, il ferait mieux de lutter pour la Liberté et d'arrêter de bassiner tout le monde avec ses idées à la noix.

N'est-ce pas bizarre de prôner la Liberté quand, deux ans auparavant, le Pape, ses sbires et une partie du peuple français demandaient à la société de ne pas autoriser le mariage homosexuel parce que ça ne correspondaient pas à leurs convictions religieuses ?

De même, je n'ai pas entendu un seul Imam et je n'ai lu (je ne lis pas tout donc j'ai peut-être zappé) aucun musulman s'exprimer sur le fait que, OUI, un non-musulman peut dessiner le prophète, caricature ou pas. J'ai entendu des Imams condamner le fait qu'on ne devait pas tuer. Je ne les ai pas entendus dire qu'on avait le droit de ne pas suivre les règles de leur religion.

Le fond du problème est que toutes ces organisations religieuses condamnent la violence, mais en vérité aucune ne prône la liberté d'expression et de penser.

Donc non, ce n'est pas seulement la violence qu'il faut condamner. S'unir un jour pour se déchirer le lendemain... quel intérêt ?

Désolée si je n'emploie pas forcément les bons termes.

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