helenel Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 Je ne sais pas pourquoi il faudrait "ne pas avoir peur". Moi j'ai peur en tout cas. Je cauchemarde là-dessus depuis un bon moment. Je me sens impuissante, malgré le sérieux à réfléchir aux différentes situations. Je suis consciente qu'au niveau "probabilité" c'est déraisonnable de paniquer comme ça. Mais je me dis qu'on n'a pas les moyens de faire face. S'il y a un incendie, on a des extincteurs, il y a des voies de sortie, et il n'y a pas vraiment d'autre risque dans notre secteur... Mais ce risque-là, celui d'une attaque, je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à pas avoir le coeur serré et envie de pleurer quand on envisage "ça". Aux premiers attentats je m'étais dit que, pour semer la psychose, les fous "pourraient" prendre pour cible le coeur de l'esprit de la république (pour moi, pas forcément de prendre un verre en terrasse, mais bien l'école laïque) et les enfants en particulier. Ben on y est. Et quand on voit les moyens dérisoires (des patrouilles mobiles le jour de la rentrée, non mais, pffff....) mis en oeuvre, c'est lamentable, effrayant! Pour la communication, ça va, les bureaucrates pondent leur quota de documents, avec des beaux idéogrammes, rien à redire sur la quantité... Mais les incohérences montrent bien que personne n'a aucune idée de ce qu'il faut faire (et pour cause, il n'y a peut être effectivement pas grand chose à faire). Un signal "intrusion/attaque" audible par tous avec en parallèle des consignes de silence absolu? Qui a pondu ça, sérieusement??? Je suis directrice et enseignante, j'ai en responsabilité des élèves, et j'ai peur parce que je sais bien que même si mon équipe y réfléchit très fort, longtemps et intelligemment, je ne pourrai pas, le moment venu, les protéger tous. Et ça, ça m'est totalement intolérable. Je devrais ne pas avoir peur? parce que je vais mettre une affichette sur ma grille ? filer mon numéro de portable à mon académie? choisir une cloche, un sifflet pour signaler un danger? parce que, éventuellement, une patrouille de gendarmerie passera dans la journée du 1er septembre? J'ai peur pour mes élèves, j'ai peur pour les votres, j'ai peur pour tous mes collègues, et j'ai peur pour moi. (si vous trouvez que je dois éditer, je le ferai, je ne veux pas choquer, mais "il faut que ça sorte")
gene1 Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 Il y a 17 heures, mariew a dit : numéro de portable à envoyer avant demain 16h, pffff Et si on n'a pas de portable ????? (Je suis réfractaire au portable, pas envie d'être joignable partout et tout le temps ! )
sophsoph Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 il y a 33 minutes, helenel a dit : Je devrais ne pas avoir peur? parce que je vais mettre une affichette sur ma grille ? filer mon numéro de portable à mon académie? choisir une cloche, un sifflet pour signaler un danger? parce que, éventuellement, une patrouille de gendarmerie passera dans la journée du 1er septembre? J'ai peur pour mes élèves, j'ai peur pour les votres, j'ai peur pour tous mes collègues, et j'ai peur pour moi. (si vous trouvez que je dois éditer, je le ferai, je ne veux pas choquer, mais "il faut que ça sorte") Helenel, je partage absolument ton avis, et j'ajoute: j'ai peur pour mes filles qui sont dans la classe d'à côté et je me projette encore plus dans des situations "de dilemme". Nous sommes totalement impuissants face à la situation.
Janelyne Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 Le 26/08/2016 à 09:19, helenel a dit : Je ne sais pas pourquoi il faudrait "ne pas avoir peur". Moi j'ai peur en tout cas. Je cauchemarde là-dessus depuis un bon moment. Je me sens impuissante, malgré le sérieux à réfléchir aux différentes situations. Je suis consciente qu'au niveau "probabilité" c'est déraisonnable de paniquer comme ça. Mais je me dis qu'on n'a pas les moyens de faire face. S'il y a un incendie, on a des extincteurs, il y a des voies de sortie, et il n'y a pas vraiment d'autre risque dans notre secteur... Mais ce risque-là, celui d'une attaque, je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à pas avoir le coeur serré et envie de pleurer quand on envisage "ça". Aux premiers attentats je m'étais dit que, pour semer la psychose, les fous "pourraient" prendre pour cible le coeur de l'esprit de la république (pour moi, pas forcément de prendre un verre en terrasse, mais bien l'école laïque) et les enfants en particulier. Ben on y est. Et quand on voit les moyens dérisoires (des patrouilles mobiles le jour de la rentrée, non mais, pffff....) mis en oeuvre, c'est lamentable, effrayant! Pour la communication, ça va, les bureaucrates pondent leur quota de documents, avec des beaux idéogrammes, rien à redire sur la quantité... Mais les incohérences montrent bien que personne n'a aucune idée de ce qu'il faut faire (et pour cause, il n'y a peut être effectivement pas grand chose à faire). Un signal "intrusion/attaque" audible par tous avec en parallèle des consignes de silence absolu? Qui a pondu ça, sérieusement??? Je suis directrice et enseignante, j'ai en responsabilité des élèves, et j'ai peur parce que je sais bien que même si mon équipe y réfléchit très fort, longtemps et intelligemment, je ne pourrai pas, le moment venu, les protéger tous. Et ça, ça m'est totalement intolérable. Je devrais ne pas avoir peur? parce que je vais mettre une affichette sur ma grille ? filer mon numéro de portable à mon académie? choisir une cloche, un sifflet pour signaler un danger? parce que, éventuellement, une patrouille de gendarmerie passera dans la journée du 1er septembre? J'ai peur pour mes élèves, j'ai peur pour les votres, j'ai peur pour tous mes collègues, et j'ai peur pour moi. (si vous trouvez que je dois éditer, je le ferai, je ne veux pas choquer, mais "il faut que ça sorte") J'ai peur aussi. Et je vais illustrer jusqu'à cela va ... Après les attentats de novembre, j'étais dans une école dans un quartier très peu rassurant, on savait dans l'école des familles radicalisées, nous avions des enfants qui "jouaient à Daesh" et les parents ne comprenaient pas qu'on demande à les rencontrer pour cela ... Bref, la boule au ventre en allant à l'école surtout qu'ils venaient de proclamer des menaces contre les écoles, les enseignants. Une fois, dans la cour, dans ma vision périphérique je vois deux trucs énormes foncer sur l'école, comme des avions .... vous vous en douterez, ce n'était que des oiseaux, mais j'ai eu une vague de panique, et ma seule pensée à été "comment me mettre en sécurité ?", j'avais en tête les enfants, les collègues évidemment, mais ma survie passait en priorité ... J'ai presque honte de cela, mais c'est la réalité, j'ai peur aussi, et peur de mes réactions aussi. J'ai une collègue dans cette école qui a aussi eu un moment d'angoisse similaire (des bruits qui ressemblaient à des tirs), elle est partie se cacher en laissant les enfants dehors ... Nous ne sommes pas préparés, et même en l'étant je pense que les réactions sont imprévisibles.
HappyPomme Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 A vous lire, je me dis aussi que vous les directeurs et directrices n'avez absolument pas à prendre la responsabilité de la fuite ou pas, de se cacher ou pas, d'un signal sonore ou pas... C'est une affaire d'équipe. En fonction des configurations d'école, de toute façon, on ne peut pas savoir qui sera visé en premier (qui a la classe la plus exposée, levez la main ! ahah) Et puis bon, un tir de kalash', ça doit être suffisamment bruyant pour faire un bon signal sonore pour les autres Et si un type débarque dans votre classe avec un couteau par exemple, euhhh vous prenez le temps de prévenir les autres ou vous tentez tant bien que mal de sauver votre peau et si possible celles des élèves ? (cela dit, c'est quand même hallucinant et triste d'en arriver à cette discussion... Pauvre monde )
dada Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 La peur est normale et nécessaire je dirais, mais il ne faut pas que cela devienne trop envahissant. Nos réactions au cas où... Personne ne peut les anticiper, il en va de même pour l'incendie pourtant nous faisons tous les exercices incendies, nous savons tous qu'il ne faut pas retourner dans les bâtiments pourtant je peux vous affirmer qu'on le ferait si un élève manquait à l'appel... Ce ne sont que des exercices pour avoir un minimum d'habitudes , nous savons tous que nous ne pourrions pas sauver l'ensemble des élèves mais même si c'est un ou deux, ce sera toujours 2 vies de sauver non?
helenel Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 Il y a 2 heures, sophsoph a dit : Helenel, je partage absolument ton avis, et j'ajoute: j'ai peur pour mes filles qui sont dans la classe d'à côté et je me projette encore plus dans des situations "de dilemme". Nous sommes totalement impuissants face à la situation. Mon fils est dans ma classe... je ne peux que comprendre... il y a 51 minutes, JaneFramboise a dit : J'ai peur aussi. Et je vais illustrer jusqu'à cela va ... Après les attentats de novembre, j'étais dans une école dans un quartier très peu rassurant, on savait dans l'école des familles radicalisées, nous avions des enfants qui "jouaient à Daech" et les parents ne comprenaient pas qu'on demande à les rencontrer pour cela ... Bref, la boule au ventre en allant à l'école surtout qu'ils venaient de proclamer des menaces contre les écoles, les enseignants. Une fois, dans la cour, dans ma vision périphérique je vois deux trucs énormes foncer sur l'école, comme des avions .... vous vous en douterez, ce n'était que des oiseaux, mais j'ai eu une vague de panique, et ma seule pensée à été "comment me mettre en sécurité ?", j'avais en tête les enfants, les collègues évidemment, mais ma survie passait en priorité ... J'ai presque honte de cela, mais c'est la réalité, j'ai peur aussi, et peur de mes réactions aussi. J'ai une collègue dans cette école qui a aussi eu un moment d'angoisse similaire (des bruits qui ressemblaient à des tirs), elle est partie se cacher en laissant les enfants dehors ... Nous ne sommes pas préparés, et même en l'étant je pense que les réactions sont imprévisibles. Dans de telles conditions d'exercice, je comprends tes appréhensions, et NON, nous ne sommes pas préparés (qui l'est? peut être les personnes qui choisissent un métier dans la protection civile/l'armée!? moi j'ai choisi d'être maitresse d'école -et éventuellement tous les rôles qui vont avec : psy, assistante sociale, chargée de com, animatrice de spectacle, tout ça, ok, je prends...) ET je trouve que je ne suis pas à même de gérer ce type de violence. Est-ce que des réunions ou des concertations avec la gendarmerie nous y prépareront? J'ai de plus en plus de mal à entendre les autorités dire qu'il ne faut pas céder à la peur. C'est facile à dire. "Ils" sont protégés, eux. Il faudrait prendre sur nous et bénir les rustines qu'on nous tend. A un moment ça coince, unité de la nation ou pas. On devrait nous coller des pros, oui, oui, dans chaque école, oui, oui, tout le temps. Je HAIS les armes, j'ai milité dans un groupe pacifiste, et oui, j'en suis presque à réclamer un vigile devant chaque école. C'est tellement triste. J'espère très fort que cette peur est vaine et que personne, personne ne s'attaquera à des enfants dans une école, ni à la rentrée, ni jamais.
helenel Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 il y a 26 minutes, dada a dit : La peur est normale et nécessaire je dirais, mais il ne faut pas que cela devienne trop envahissant. Nos réactions au cas où... Personne ne peut les anticiper, il en va de même pour l'incendie pourtant nous faisons tous les exercices incendies, nous savons tous qu'il ne faut pas retourner dans les bâtiments pourtant je peux vous affirmer qu'on le ferait si un élève manquait à l'appel... Ce ne sont que des exercices pour avoir un minimum d'habitudes , nous savons tous que nous ne pourrions pas sauver l'ensemble des élèves mais même si c'est un ou deux, ce sera toujours 2 vies de sauver non? Je sais bien Dada, c'est pour cela que les PPMS, j'ai toujours tenu à faire ça "comme il faut" sans tenir compte des sarcasmes éventuels des collègues... Mais moi je ne m'étais jamais posé la question : il était évident qu'en cas d'incendie, tous les élèves seraient aux points de rassemblement, les maitresses avec leur cahier d'appel, un peu essoufflées, mais le sourire aux lèvres. On les sauverait tous! Cette "situation" m'oblige (et peut être d'autres) à envisager que mes réactions conditionnent que les gamins retrouvent leurs parents ou pas le soir. Je trouve qu'on nous met cette responsabilité sur le dos, à publier et répéter que les enseignants sont briefés et prêts à "assurer".
orime Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 il y a 50 minutes, helenel a dit : sans tenir compte des sarcasmes éventuels des collègues... Il est surtout là le problème : ça les fait suer de perdre 30 ou 45 pauvres minutes de maths sur une année (bah oui, faut faire ça après la récré du matin car avant y'a français et y'a évaluation ou dictée malheureux ! plutôt que d'être un minimum prêt.
Pepettebond Posté(e) 26 août 2016 Posté(e) 26 août 2016 Voilà nous y sommes première discussion qui nous renvoie à la violence , au fait que nous serons impuissants, que , que , que cette situation nous révèlera des forces inconnues et des faiblesses insoupçonnées. Donc réfléchir pour sauver un enfant un seul et nous aurons réussi .
scarlettOhara Posté(e) 27 août 2016 Posté(e) 27 août 2016 bonjour contente de trouver cette espace de discussion moi aussi j'ai peur peur de "mal faire" mon PPMS, peur de pas prendre les bonnes décisions, de pas gérer, ce qui pourrait nous emmener concrètement ... à ce que des élèves meurent en maternelle, école de campagne, avec les configurations des locaux, si un taré entre dans l'école on y passe tous... je me retrouve à zoner dans l'école en me disant "et si quelqu'un entre par là ? "
scarlettOhara Posté(e) 27 août 2016 Posté(e) 27 août 2016 et s'ils sont plusieurs qui bouchent toutes les sorties possibles ? et s'il y a un guetteur ? et si si si...
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