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Le désarroi d'une prof qui parle de "Charlie" à ses élèves


Zarko

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Pour tout dire, cette imposition d'une minute de silence à des maternelles ça me rappelle sarko qui voulait que chaque cm porte la mémoire d'un enfant juif victime de la shoah...

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Et maintenant ?

ob_c9755c_ob-26efc4-charlie.jpg

( dessin de L’illustrateur chilien Francisco Javier Olea )

Dans la grand' chaîne de la vie,
Où il fallait que nous passions,
Où il fallait que nous soyons,
Nous aurons eu la mauvaise partie...
Quand les hommes vivront d'amour,
Il n'y aura plus de misère,
Et commenceront les beaux j
ours,
Mais nous, nous serons morts, mon frère...

http://youtu.be/EspK03oWGN0

(Peut-être des pistes pour la classe ici ... )

http://www.lereveil.info/2015/01/et-maintenant.html

c@t

alain l.

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Il y a un sujet concernant les pistes pour des activités en classe ici :

http://forums-enseignants-du-primaire.com/topic/311960-attentat-a-charlie-hebdo-en-parler-en-classe/

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Aujourd'hui avec des CM2 hyper excités ce matin...une élève me dit: on pourra parler des attentats ? Moi:Oui cette aprem... Cet aorem, donc, je pose la question.Voulez- vous qu'on en parle ? Réponse, non finalement, ça nous saoùle, on entend que ça à la télé ! ;)

Pas sôts ces gamins! ;) Et curieusement, bcp plus calmes cet aprem... comme quoi...

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Mais n'est-ce pas notre rôle que de leur expliquer ? Il y a-t-il des sujets inabordables avec les enfants ?

Je pense qu'il s'agit plus de réfléchir à comment aborder les choses plutôt que de se demander s'il faut le faire

Pour en revenir au propos initial, j'en ai parlé avec mes GS qui étaient tous au courant de l'attentat de Charlie Hebdo. Nous avons expliqué en quoi consistait une minute de silence et je suis descendue dans la cantine à midi pour la faire avec eux. Ils ont fait preuve de solennité, quand bien même ils ne comprennent pas l'ampleur de la situation. Ils ont néanmoins compris qu'ils prenaient part à un moment partagé par leur pays en entier, pour penser à des gens tués parce qu'ils utilisaient un droit.

Les enfants ne comprennent pas tout, mais gardons nous de penser qu'ils ne comprennent rien. Un enfant de GS comprend ce qu'est la mort et son caractère définitif. Il comprend la gravité d'un assassinat. Je ne vais pas faire croire à mes enfants, pas plus qu'à mes élèves que cela n'existe pas. Nous les préparons à la société de demain, pas au monde des bisounours.

Si les guerres ne sont pas au programme de maternelle, il y a une raison.

Si on n’aborde pas les nombres décimaux en CP, il y a une raison.

Tenter d’expliquer la mort, l’assassinat, le fondamentalisme...à des maternelles non! Ils ont le droit à leur temps d’innocence, d’insouciance, d’enfance, les adultes n’ont pas à les emmerder avec ça.

Je pense ainsi.

Je ne te suis pas, mais c'est aussi parce que tu vas beaucoup plus loin que moi et que tu transformes mes propos.

Non, il ne s'agissait pas de transformer tes propos mais de la circulaire qui voulait une min de silence précédée d'explications sur cette minute...évidemment on n'utilise pas le même vocabulaire en maternelle.

Il ne s'agit absolument pas de commencer la classe par "aujourd'hui nous allons parler du fondamentalisme"...

Je pars des interrogations des élèves, de leur remarques et ensuite la discussion s'ouvre. Il se trouve que dans ma classe de GS, tous les enfants étaient au courant. Cela est peut-être lié au fait que je suis sur Paris et donc que la proximité géographique amplifie le phénomène, je ne sais pas. Toujours est-il que cette conversation n'est pas venue de nulle part.

Etre au courant ne veut pas dire comprendre

Parler de la mort, en maternelle on le fait déjà, et pour plusieurs raisons:

- la mort ne disparaît pas aux portes de l'école, l'école parle du réel

- les enfants ont conscience de la mort, certains ont perdu des proches, un animal de compagnie... Elle apparaît aussi dans les films, dans les livres...j'avoue n'avoir jamais eu un élève de GS ignorant ce qu'était la mort.

1/Je parle aussi des PS MS

2/Beaucoup de GS ne connaissent pas la mort humaine et ne réalisent pas son caractère définitif, pas d'accord.

- nous lisons les classiques de la littérature enfantine dans laquelle la mort est présente.

Rien à voir avec l'assassinat ou la mort réelle d'humains en terme d'appropriation.

- la mort est au programme

Pas celle-là, pas dans ces conditions.

Les enfants observent les différentes manifestations de la vie. Élevages et plantations constituent un moyen privilégié de découvrir le cycle que constituent la naissance, la croissance, la reproduction, le vieillissement, la mort.

Cela ne signifie pas nécessairement qu'ils ont conscience de la douleur associée, du sentiment de perte... mais pour autant, parler de la mort ne me semble absolument pas proscrit.

L'assassinat c'est autre chose...

Parler de meurtre ne me choque pas non plus. Là encore, je ne connais pas beaucoup d'enfant de GS qui ignore que toutes les morts ne sont pas naturelles, et là encore, dans les histoires classiques, le sujet est abordé moultes fois! Cela ne signifie pas qu'ils transposent sur leur personne, mais ils savent que ça existe. Et dans leurs jeux aussi.

C'est pour de vrai là.

Il ne s'agit pas de demander aux enfants de ressentir la gravité et l'ampleur de la situation, d'en comprendre tous les tenants et les aboutissants, mais d'avoir accès à une information qu'ils sont en mesure d'entendre.

Pas d'accord, ils n'ont pas à se soucier de cela à cet âge, 3-4-5 ans c'est l'innocence, la vie n'est pas encore une chose grave et sérieuse, d'abord on joue et on prend du plaisir. Mais c'est mon avis.

J'ai évoqué la situation ainsi à mon aînée (elle a 5 ans) : Des hommes ont tué des gens parce qu'ils étaient fâchés par des dessins qu'ils trouvaient insultants. A 5 ans, elle a été capable de dire " mais c'est n'importe quoi, ils auraient juste pu le dire qu'ils étaient fâchés. Ils sont fous". Est-elle traumatisée ? Non. A-t-elle transposé la situation sur elle ? Franchement, elle, elle a juste la frousse du loup du Chaperon rouge.

Lorsque les terroristes ont été tués, nous lui avons dit également. Première réaction " bon, c'est bien". Quelques heures plus tard, elle est revenue nous voir" Je ne sais pas si c'est bien que la police les ait tués, parce que du coup, ça veut dire que la police a tué des gens". Ce matin " Est-ce que ces méchants, ils avaient des parents, de la famille ?". Je lui ai dit que chaque humain avait forcément un papa et une maman à un moment donné. Elle a répondu " Comme ils doivent être fâchés de ce que leurs enfants ont fait !".

Est-ce qu'elle joue moins, rêve moins, imagine moins, dessine moins ? Est-elle malheureuse ? Non. Il ne s'agit pas de lui montrer la noirceur de l'humanité parfois. Mais pas non plus de lui cacher la vie.

La mienne et d'autres ont pris peur et ont dû quitter les histoires de loup pour la peur d'être "tuée par les méchants...qui pouvaient venir...etc..."

Tant mieux pour toi, la mienne et d'autres ont pris peur d'être tués à leur tour!...

J'aurais parlé de la religion en classe si les enfants l'avaient abordée mais ils ne l'ont pas fait. Et je n'ai pas d'élève qui ait utilisé le mot "fondamentalisme", donc jusqu'ici tout va bien...

Innocence pour moi ne signifie pas ignorance. Les questions que les enfants se posent ne sont juste pas les nôtres. Les enfants ne m'ont pas dit "qu'est-ce qui peut conduire un homme à commettre ces actes" ? C'est une question d'adulte. Par contre, ils ont conscience qu'un homme peut être méchant jusqu'à ôter la vie d'un autre.

Ah bon, étonnant...la mienne s'est posé la question tout de suite: pourquoi y'a des méchants qui tuent des gens?...Parce qu'ils ont fait des dessins me parait impossible comme réponse, elle va reposer la question car ce n'est pas une réponse.

PS: Une dernière pour la route ? On aborde aussi les nombres décimaux en GS ! On découpe des parts de galette, donc des sous-parties de 1... Et les enfants comprennent qu'on peut découper 1 en plusieurs morceaux...Et même si on n'utilise pas ce terme, et bien on aborde le début de la notion... Comme quoi, même ça c'est possible. :devil:

Oui ce sont plutôt des fractions qui deviendront plus tard des nombres décimaux...Mais justement tu viens de confirmer mon raisonnement: le partage de gâteaux et les histoires de loups en maternelle ok...mais celles de nombres décimaux et de terrorisme non!

Chaque chose en son temps...

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Ah bon, étonnant...la mienne s'est posé la question tout de suite: pourquoi y'a des méchants qui tuent des gens?...Parce qu'ils ont fait des dessins me parait impossible comme réponse, elle va reposer la question car ce n'est pas une réponse.

Mais alors, si je comprends bien, tu en as parlé à ton enfant ?

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Dameoiselle, je partage assez ton point de vue.

Je ne suis pas en région parisienne, mais mes élèves de GS en ont parlé jeudi matin. Je ne comptais pas aborder le sujet, mais leurs questions, échanges, remarques ont amené la discussion. Nous avons été assez bref jeudi, juste recadrer certaines remarques fausses, ou calmer quelques inquiètudes et nous sommes revenus aujourd'hui de façon plus sereine et préparée en ce qui me concerne avec des supports différents.

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Pour faire un point d'aujourd'hui :

- les parents m'ont remerciée de la façon dont la question avait été abordée, car les retours des enfants étaient clairs et non catastrophistes. Mais tous avaient déjà abordé le sujet en famille dès le mercredi.

- aucun parent n'est venu me parler d'angoisse particulière, sachant que ce sont des familles qui ont tendance à pointer le moindre petit bobo.

- quasiment tous les élèves de ma classe ( sauf 1) avaient un parent dans la marche de dimanche, 7 de mes élèves étaient d'ailleurs également dans le cortège. Une collègue nous a rapporté ce matin que la mascotte de sa classe, qui va dans les familles a aussi participé à la marche.

- certains enfants ont voulu raconter l'objet ou le message que leur parent avait avec lui, ce qui nous a donné l'occasion de parler ce ce qu'est une pancarte et d'expliquer également, car certains se posaient la question, de pourquoi on y voyait des gens avec des crayons.

Et puis on est passé à autre chose ;)

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Et puis on est passé à autre chose ;)

Ce qui me semble le plus normal et le plus sain...A moins d'un autre attentat, on va vite oublier. Rien de péjoratif en disant cela.

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Ah bon, étonnant...la mienne s'est posé la question tout de suite: pourquoi y'a des méchants qui tuent des gens?...Parce qu'ils ont fait des dessins me parait impossible comme réponse, elle va reposer la question car ce n'est pas une réponse.

Mais alors, si je comprends bien, tu en as parlé à ton enfant ?

Ah bon pourquoi?...

Elle va à l'école.

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