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Violences urbaines


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Je vous transmet le message de l'un de mes collègues prof de SES car il me semble que cela peut être utile d'avoir une réflexion au delà de ce que nous disent les médias.

donc voilà:

Je lis à droite, à gauche (c'est le cas de le dire) de très nombreuses

analyses du "problème" actuel (et qui nous touche aussi, ici à Pau,

quartier de l'Ousse des Bois). Dans le but d'y voir un peu plus clair,

j'ai essayé de réaliser ci dessous (ou en pièce jointe), un inventaire (

à la Prévert ?) des diverses réflexions rencontrées, plus ou moins

sérieuses et scientifiques, mais qui de loin ou de près relèvent d'un

simple modèle causal (si on a la cause, ou les causes, d'un problème,

alors, on est plus très loin d'une solution).

Mon objectif est de préparer une séance avec mes élèves sur les dangers

de l'amalgame, des raccourcis, de l'expérience subjective, de la bien

pensance, bref de ce qui distingue une simple opinion d'une réflexion

construite et argumentée.

Pour ma part, je pense d'une part que notre savoir sociologique et

économique peut contribuer à éclairer les élèves, et d'autre part que la

raison n° 12 (fort chômage des jeunes) explique quand même pas mal de

choses !

PS : soyez indulgents, il s'agit d'une première liste que l'on peut

modifier progressivement, d'autant que j'ai essayé d'être au plus près

de ce que j'ai lu et entendu (donc pas de langue de bois). N'hésitez pas

à rectifier et à compléter : la liste est évidemment largement

incomplète et je ne suis absolument pas certain de la pertinence de mes

"casiers" de rangement. Et puis une liste enrichie sera utile pour les

séances avec élèves.

Très cordialement,

Laurent Bruneau

Les lieux et institutions

1) Les lieux et la ségrégation urbaine

Variante 1 : La construction des grands ensembles après 1954 puis dans

les années 70, génère de l'anonymat (Louis Wirth ?) et de la méfiance

entre habitants qui se cloîtrent et s'ignorent. Echec des différentes

politiques de la ville sur ce problème des relations sociales.

Variante 2 : Dans une perspective écologie urbaine (Park et Burgess), on

observe peu à peu un changement de composition de la population habitant

ces grands ensembles, et une perte des repères habituels pour les

anciens locataires.

Variante 3 : On dit "quartiers", mais on oublie le phénomène de

construction sociale du phénomène des banlieues. Au départ, il y a des

problèmes locaux (des morts locaux et des réactions locales), pourquoi

faudrait il faire des amalgames et trouver une cause unique et nationale

aux problème des banlieues ? Et d'ailleurs, où s'arrête la banlieue ?

2) Les familles :

Variante 1 : Elle ne font pas leur travail d'éducation et de

socialisation, d'autant qu'il y a des familles qui profitent du système

social (on fait des enfants pour les allocations, après on les abandonne

aux services sociaux)

Variante 2 : Il y a une crise des interdits, un recul généralisé de

l'autorité (esprit mai 68, alors qu'une bonne fessée n'a jamais fait de

mal,). L'impact de la taille de la fratrie ne doit pas être négligé

(famille nombreuse plus difficile à surveiller), ainsi que l'impact de

l'activité féminine (mères occupées à des activités éparpillées, type

ménages, caisses, ou encore formalités administratives.).

Variante 3 : L'éclatement des structures familiales (familles

monoparentales)... mais peu probable dans les quartiers dits à problèmes

caractérisés par des structures familiales traditionnelles.

3) Le groupe de pairs

Variante 1 : La pression sociale du groupe de pairs (moqueries, défis

"stupides" des pré ados) explique la surenchère destructive à laquelle

on assiste (chaque voiture brûlée est un trophée que l'on exhibe à ses

camarades).

Variante 2 : La tribu, le groupe de pairs socialise par substitution (la

formule est jolie…). La tribu de quartier intègre fortement (conscience

collective forte, entretenue par les conflits de quartiers, relations

nombreuses et quotidiennes, buts communs). Dans cette perspective, la

police est perçue comme une tribu rivale parmi d'autres, peut être un

peu plus puissante.

4) Les médias.

Variante 1 : Les journalistes attisent la concurrence entre quartiers,

flattent les égo de certains jeunes, et les poussent à la surenchère.

Variante 2 : La TV (+ Internet, cf. les sky-blogs) est une caisse de

résonance qui grossit démesurément des phénomènes locaux, et tend à

transformer des incidents locaux (statistiquement normaux) en évènements

nationaux.

5) La police.

Variante 1 : elle n'ose plus aller dans certains quartiers, une

micro-économie s'installe, la bande organisée dirigée par un caïd revend

de la drogue ou des biens volés, et sous traite un travail de

surveillance aux jeunes démunis (en particulier, le jeune mineur, qui

irresponsable pénalement, est très utile), d'où pouvoir féodal et cycle

de reproduction.

Variante 2 : Les comportement de policiers changent avec les propos de

leur ministre de tutelle, les vexations et les provocations se

multiplient, d'où une réaction de colère, d'auto défense de jeunes se

sentant menacés.

Variante 3 : Un marché de l'insécurité s'est créé avec la privatisation

croissante des services de police. Or un garagiste aime bien les

accidents de voiture…. (cf. aussi Complots plus bas)

6) L'école :

Variante 1 : Les enseignants n'ont plus les moyens budgétaires d'assurer

leur mission : les établissements se dégradent et sont stigmatisés, une

école à deux vitesse apparaît (celle des pauvres et celle des riches…ou

des biens informés).

Variante 2 : Les enseignants victimes de l'illusion "bourdivine",

abandonnent leurs exigences dès l'école primaire. On en voit les

résultats en matière d'illetrisme, les immigrés de deuxième génération

cumulent alors les handicaps (problème de langue non traités), alors

même que l'impact social de la réussite scolaire n'a jamais été aussi

fort (il n'y a plus de voies de secours, dévalorisation de

l'apprentissage, etc.)

7) Les associations

Les groupes intermédiaires (cf. Associations ouvrières du parti

communiste) assuraient l'intégration dans les banlieues rouges en

fournissant une culture, une conscience et une logique de participation.

Aujourd'hui, les associations locales (sport, culture…) et leurs

animateurs n'ont plus les moyens d'assurer le lien social (réductions

budgétaires, priorité au répressif et recul de la police de proximité),

les jeunes se retrouvent sans activités, ni buts.

La culture

8) Exclusion et discrimination

Variante 1 : Impact de la discrimination quotidienne vécue (et rapportée

dans les conversations) qui entretient un sentiment d'exclusion, et peut

expliquer les moments de révolte (cf. analyses de Touraine disant que

l'on passe de la question de l'exploitation à la question de l'exclusion).

Variante 2 : Le modèle universalise français qui distingue espace privé

et public, empêcherait la mise en oeuvre des politiques de

discriminations positives, "seule" manière de sortir du problème.

9) Stigmatisation

Etiquetage et comportements auto-validants à la fin du processus de

disqualification (S. Paugam montre la carrière déviante :

dévalorisations successives puis adaptation aux attentes des services

sociaux)

10) Normes culturelles déviantes (et tribales)

Variante 1 : cf. Groupes de pairs. Une véritable sous-culture apparaît

avec ses propres codes (cf. analyses de A. K. Cohen sur les gangs) suite

à l'échec des instances de socialisation habituelles.

Variante 2 (bien pensance) : il faut séparer le bon grain de l'ivraie,

tous les jeunes ne sont pas des "casseurs", il y a des "bons" jeunes

(majoritaires mêmes) qui tentent de s'intégrer et adhèrent aux normes et

valeurs républicaines. Ou encore : il y a de bonnes familles

républicaines qui essayent de transmettre les valeurs républicaines.

11) L'émergence d'une conscience de classe ?

Certaines actions ciblées (anti voitures et concessionnaires) et les

appels à la démission d'un gouvernement de droite, font penser à un

début d'identification avec les catégories populaires.

Les problèmes économiques

12) Le chômage

Le travail donne revenus, position sociale (avec statut affiché par la

consommation), identité et accès à la protection sociale. Le chômage

dans les quartiers (près de 60% des jeunes actifs ? –chiffre à vérifier)

entraîne désœuvrement, sentiment d'inutilité et d'indignité, etc. Il

peut alors y avoir désaffiliation (cf. Castel, même si son concept ne

s'applique pas directement à cet objet d'étude) et frustration

économique (cf. Merton : adoption des buts –la société de consommation,

mais accès interdit aux moyens légitime d'y parvenir).

La "nature" des individus

13) Tous des "racailles" irrécupérables (donc, il faut "nettoyer" les

quartiers et mettre hors circuit cette population)… Variantes : la

police est inefficace donc on a qu'a faire venir l'armée pour ce type de

population dangereuse, il faut s'attaquer au problème dès le CP et

emprisonner les petits "sauvageons".

14) Tous des "arabes", ils sont fainéants par nature et

"inassimilables", ce qui explique les problèmes, il faut les renvoyer

chez eux (charters ?).

Les complots :

15) Mafias

L'apparition et le maintien de zones de non droit est utile à la mise en

place et au développement d'activités illicites à grande échelle (en

même temps que cela procure de la main d'œuvre).

16) Islam

Des groupes islamistes manipulent les évènements afin d'augmenter leur

aire d'influence (par exemple, imposer le foulard en France) en se

présentant comme recours pour les jeunes désorientés, et comme

interlocuteurs privilégiés des autorités politiques. En même temps c'est

une manière d'imposer le modèle d'intégration communautariste.

17) Usa (Hum, hum…)

Secret encouragement américain aux "émeutes" (riots !) pour réduire

l'influence française dans le monde, et déstabiliser le pouvoir français

actuel (cf. déstabilisation de l'influence française en Afrique, et

litiges à propos de l'Irak).

Dernier point : personne, à ma connaissance, ne fait vraiment de

parallèle avec Mai 68. Pourtant en 68, les étudiants n'avaient pas été

immédiatement suivis par les ouvriers qui les voyaient plutôt comme des

privilégiés au fond complices. Je sais bien qu'il y avait moins

d'étudiants à l'époque que de jeunes de banlieue, mais à mon avis le

parallèle devrait être creusé. A l'époque, le discours de l'ordre était

identique (il faut nettoyer le "chiendent") et les adultes en place ne

comprenaient pas "les jeunes" tout à coup devenus dangereux et

irresponsables (dans l'imaginaire bourgeois de l'époque, un jeune Cohn

Bendit dépravé, devait faire au moins aussi peur qu'un beur en

survêtement et capuche aujourd'hui !).

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On vient de me dire :

"Il leur faudrait une bonne guerre à ces ptits cons, ils comprendraient"

:o :cry::ninja:

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insultes, couvre-feu...

à quand Papon renommé au poste de préfet et les pleins pouvoirs au maréchal...

l'UMP est vraiment indigne d'une démocratie.

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C'est pas un chèque qui leur faut à ces "pauvres petits jeunes"... c'est un coup de pied au c...

:ninja::ninja::ninja:

Moi aussi, chui comme ça, ... quand les gens ont des réactions qui m'échappent , au lieu de chercher l'origine du problème, je les frappe.

NB: à ceux qui liraient en diagonale: ceci est de l'ironie.

"Un bon coup de pied au c.. "dit-elle...

Bah je suis volontaire pour décerner le premier...gare à tes fesses! :P

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Dernier point : personne, à ma connaissance, ne fait vraiment de

parallèle avec Mai 68. Pourtant en 68, les étudiants n'avaient pas été

immédiatement suivis par les ouvriers qui les voyaient plutôt comme des

privilégiés au fond complices. Je sais bien qu'il y avait moins

d'étudiants à l'époque que de jeunes de banlieue, mais à mon avis le

parallèle devrait être creusé. A l'époque, le discours de l'ordre était

identique (il faut nettoyer le "chiendent") et les adultes en place ne

comprenaient pas "les jeunes" tout à coup devenus dangereux et

irresponsables (dans l'imaginaire bourgeois de l'époque, un jeune Cohn

Bendit dépravé, devait faire au moins aussi peur qu'un beur en

survêtement et capuche aujourd'hui !).

Si, si, moi... mais on ne m'a pas interviouwée... ;)

Pour info : (Canard enchainé du 28/09/05... donc avant les émeutes)

"Le syndicat des commissaires s'attaque aux délinquants en couches-culottes

(...) La sécurité du quotidien- Les propositions du SCHFPN (syndicat des commissaires et hauts fonctionnaires de la police nationale)- La prévention de la délinquance et l'accompagnement des publics vulnérables

Aucune action n'a été expérimentée à ce jour auprès des enfants qui présentent un comportement prédicteur de délinquance dès la crêche, la maternelle ou l'école primaire (...)

La prévention de la victimisation constitue une part importante de la prévention de la délinquance (...)"

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Sarko n'es qu'un gros mou, Bayrou, lui au moins avait mis une vraie grosse baffe à un "sauvageon"...

Ceci est aussi de l'ironie !

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Merci piedsrouges hug !

Concernant mai 68, il y a une autre différence fondamentale (parmi les similitudes), la jeunesse révoltée était malgré tout protégée (pas d'état d'urgence) car elle émanait des futures "élites" donc respectables tout de même et "indispensables" à la société en devenir. Là ce sont des "incultes ", des gens promis au chômage, et pourquoi pas "inintelligents" et "inutiles".

Les termes sont volontairement exagérés.

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Juste une petite lueur d'espoir...

Des "jeunes" de mon "village" sont en train de faire une magnifique fresque, une phrase comme titre :

" Les peuples se battent souvent, mais se métissent toujours"

Je ne sais plus si c'était les termes exacts...

Ca fait un bien fou de lire cela "quand on entend ce qu'on entend"en ce moment...

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Merci piedsrouges hug !

Concernant mai 68, il y a une autre différence fondamentale (parmi les similitudes), la jeunesse révoltée était malgré tout protégée (pas d'état d'urgence) car elle émanait des futures "élites" donc respectables tout de même et "indispensables" à la société en devenir. Là ce sont des "incultes ", des gens promis au chômage, et pourquoi pas "inintelligents" et "inutiles".

Les termes sont volontairement exagérés.

et puis en mai 68, ils défendaient une cause. Ils étaient organisés et la majorité des gens étaient solidaires de ce mouvement. Là, la majorité en a marre de tout ce bordel :angry:

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Merci piedsrouges hug !

Concernant mai 68, il y a une autre différence fondamentale (parmi les similitudes), la jeunesse révoltée était malgré tout protégée (pas d'état d'urgence) car elle émanait des futures "élites" donc respectables tout de même et "indispensables" à la société en devenir. Là ce sont des "incultes ", des gens promis au chômage, et pourquoi pas "inintelligents" et "inutiles".

Les termes sont volontairement exagérés.

et puis en mai 68, ils défendaient une cause. Ils étaient organisés et la majorité des gens étaient solidaires de ce mouvement. Là, la majorité en a marre de tout ce bordel :angry:

OUI, mais comme ceux qui foutent la merde, en ont ras le bol d'être dans la merde, de n'être pas considéré, d'être mis sur la touche !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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Et non, pas une majorité favorable. De Gaulle avait dissous l'assemblée et il a obtenu une majorité de droite très impressionnante.

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