Torque Posté(e) 20 juin 2019 Posté(e) 20 juin 2019 Il y a 2 heures, Goëllette a dit : Mais qui avait-il de si monstrueux dans ces "maîtres-directeurs" de la fin des années 80 (Monory je crois) ? Tout était-il à jeter ? C'est ça mon propos. C'était juste un bout de viande qu'on a jeté au milieu d'une bande de carnivores après les avoir affamés, pour détourner leur attention pendant qu'on détruisait un peu plus leurs terriers, niches et environnement en général. Résultat: le bout de viande a disparu, les bêtes ont toujours autant faim et leurs conditions de vie se sont un peu plus détériorées.
prof désécol Posté(e) 20 juin 2019 Posté(e) 20 juin 2019 Il y a 20 heures, Torque a dit : Tout cela me rappelle furieusement le coup des Maîtres-directeurs des années 80. Pour beaucoup d'entre nous qui ne connaissent pas cet épisode, un peu de lecture : Citation Coordination contre le statut de Maître directeur - Les Utopiques 12 Janvier 1987 : le froid est tombé sur Paris, la neige accumulée sur les trottoirs résiste au dégel et le métro est en grève. Une trentaine d’instits, également en grève, écument les écoles de leur secteur avec sous le bras, le premier tract de la coordination des instituteurs des XIXème et XXème arrondissements de Paris contre le statut de maître directeur… C’est René Monory, ministre de l’Éducation nationale sous le gouvernement Chirac, qui proposa la création d’un nouveau grade au sein des instituteurs, transformant les collègues chargés de direction, c’est à dire de la gestion administrative de l’école, en supérieurs hiérarchiques directs : une conception du management appliquée à l’école qui débouche sur la concurrence entre les établissements et révèle une suspicion latente à l’égard du travail des instituteurs et institutrices, à qui on laisserait trop la bride sur le cou. Finis les concertations, les débats et la collégialité : le maître directeur décidera de la répartition des enfants, de l’attribution des classes et des moyens, des choix des manuels, de la vie de l’école. Pas de contremaîtres dans les écoles Mais ce projet, ficelé par des technocrates éloignés du terrain, allait rencontrer des oppositions, non pas tant de la part des syndicats enseignant.es que de la base. On ne change pas les règles de vie commune à ce corps de 370 000 personnes aussi facilement, surtout quand celui-ci est organisé en petites unités de travail regroupant entre 2 et 15 enseignant.es. Ce nouveau supérieur hiérarchique entre l’enseignant et l’inspecteur est immédiatement perçu comme un véritable contremaître qui pourra scruter chaque geste, épier chaque séquence éducative et sabrer la relative liberté pédagogique des instituteurs et institutrices. Nombre de directeurs et directrices en fonction sont aussi opposés à cette réforme : ils ou elles n’ont souvent cette charge que parce qu’il faut bien que quelqu’un accomplisse ces taches dans l’école et ne se sentent pas d’humeur à jouer aux petits chefs avec leurs collègues. À Paris, cependant, le statut des directeurs et directrices, tous déchargé.es de classe, même dans les toutes petites écoles, permet à certain.es, forts de ces avantages substantiels, de se voir investis avant l’heure de ce grade hiérarchique, se comportant comme tel face à leurs collègues. Cette réalité parisienne, donnant déjà un aperçu de ce que serait la vie quotidienne avec le nouveau statut de maître directeur, est probablement une des raisons pour lesquelles le mouvement est parti de la capitale, mais pas seulement. [...] Citation Épilogue La commission ad hoc gratifiera du statut de maître directeur quelques volontaires mais ils et elles ne pourront jamais jouir de leur nouveau grade ; pire, dans certains départements la liste nominative sera publiée sous des intitulés sarcastiques, accompagnée de caricatures ravageuses, qui ne manqueront pas, une fois de plus, de provoquer des cris d’orfraie chez les nouveaux contremaîtres. Le statut de maître directeur fut discrètement enterré pour finir par être abrogé deux ans plus tard et sauf exception, la majorité des jours de grèves ne fut pas amputée des salaires. Il reste le souvenir d’une lutte partie de la base, autogérée et massive, une lutte antihiérarchique et insolente qui dénonçait déjà « le modèle de gestion des entreprises qui (leur) est imposé : hiérarchie, rentabilité, compétitivité » (texte de l’AG régionale du 6 février 1987) Ce fut aussi la dernière lutte massive des enseignant.es du premier degré qui mena à la victoire. Le reste de l'article pour comprendre le déroulement de la lutte face au gouvernement de Chirac en 1987 : http://www.lesutopiques.org/a-bas-chefs-petite-histoire-de-coordination-contre-statut-de-maitre-directeur/
Goëllette Posté(e) 20 juin 2019 Posté(e) 20 juin 2019 Ok, mais c'est un article à charge. Pour véritablement mesurer tout ça, il faudrait avoir le texte exact, pas l'interprétation que les gens contre en ont fait.
Torque Posté(e) 20 juin 2019 Posté(e) 20 juin 2019 Il est vrai que la "révolte" venait essentiellement de milieux gauchistes et du Snuipp, adepte du conseil des maîtres décisionnaire (ou plutôt dirigé en douce par un de leurs commissaires politiques installé dans la plupart des écoles). D'un autre côté certains d'entre nous ont connu des IEN (par ailleurs mal vus de la hiérarchie), qui défendaient leurs écoles et leurs directeurs et qui ne se privaient pas de critiquer le ministère. Alors on peut discuter à l'infini de l'intérêt d'un système hiérarchique, de son utilité et de ses dérives, il n'en reste pas moins que derrière la fonction il y a aussi des professionnels responsables et courageux, investis et humains. Tout n'est pas réductible au système.
Pascal Oudot Posté(e) 21 juin 2019 Posté(e) 21 juin 2019 Vous savez, après toutes ces années à me bagarrer pour que le métier de Directeur d'école soit reconnu, je vous avoue que je suis las de me faire traiter de fasciste, de monstre, de dictateur, de lire que je suis imbu de moi-même et que je veux subordonner les enseignants à mes délires, et surtout que je fais ça pour moi et mes désirs de grandeur. Petit dirlo semi-rural avec trois classes, une décharge mensuelle, trente loulous de 5 ans à temps plein, à un an de la retraite, quel pouvoir je pourrais revendiquer ? Si vraiment les Directrices et Directeurs d'école sont inutiles, alors vous avez raison supprimons-les, c'est de toute manière ce vers quoi vous courez à pleine vitesse en leur refusant un statut qui protégerait l'école primaire d'une main-mise du collège. 1
Torque Posté(e) 21 juin 2019 Posté(e) 21 juin 2019 Pour moi la disparition des dirlos est déjà dans les tuyaux. Il faut d'abord supprimer les structures trop petites (écoles de villages) et regrouper tout ça en quelques groupes scolaires rattachés au collège de secteur. Ensuite on en place la direction sous l'autorité d'un des nombreux personnels du Principal ( on lui trouve un nom genre Principal adjoint des écoles). Son boulot consistera à attendre dans son bureau les plaintes des parents et la remontée des problèmes par les écoles. Mais bon, il s'en fout, il aura des secrétaires pour ça. Peu à peu il prendra le rôle des IEN qui pourront aller se faire bronzer les fesses dans leurs nouvelles fonctions d'IPR. L'intérêt de cette option c'est que ça économise du pognon (traitement des dirlos, avec leur NBI et les promesses de revalorisations précédemment faites), disparition des IEN (trop bien payés) et surtout, ça va créer un gros problème sociétal ( la société est attachée à la structures actuelle des écoles), et qui dit problème sociétal dit stratégie socialiste de diversion. De grosses catastrophes économiques seraient donc déjà envisagées et les réponses prévues étant loin d'aller dans le bon sens, il faut de toute urgence ressortir un chiffon rouge et l'agiter pour détourner l'attention des citoyens. 2
Goëllette Posté(e) 21 juin 2019 Posté(e) 21 juin 2019 Je rigole : un ancien adjoint qui avait bien pourri la vie d'un copain directeur, très "direction collégiale", vient, après seulement une année quart déchargé, d'obtenir une direction totalement déchargée ! Je me demande ce qu'il a bien pu raconter à l'entretien pour convaincre le jury, vues ses idées et sa non-reconnaissance de la fonction de directeur !
nonau Posté(e) 21 juin 2019 Posté(e) 21 juin 2019 Il y a 4 heures, Goëllette a dit : Je rigole : un ancien adjoint qui avait bien pourri la vie d'un copain directeur, très "direction collégiale", vient, après seulement une année quart déchargé, d'obtenir une direction totalement déchargée ! Je me demande ce qu'il a bien pu raconter à l'entretien pour convaincre le jury, vues ses idées et sa non-reconnaissance de la fonction de directeur ! Sans doute rien, juste dans les petits papiers comme bien souvent...
Goëllette Posté(e) 21 juin 2019 Posté(e) 21 juin 2019 il y a 9 minutes, nonau a dit : Sans doute rien, juste dans les petits papiers comme bien souvent... Mais ses idées sur la fonction de directeur sont à mille lieues de ce qui est demandé lors d'un entretien pour décharge totale ! Je crois qu'il est syndiqué à Sud, la CNT ou un syndicat comme ça...
naatt Posté(e) 22 juin 2019 Posté(e) 22 juin 2019 Il y a 21 heures, Torque a dit : Pour moi la disparition des dirlos est déjà dans les tuyaux. Il faut d'abord supprimer les structures trop petites (écoles de villages) et regrouper tout ça en quelques groupes scolaires rattachés au collège de secteur. Ensuite on en place la direction sous l'autorité d'un des nombreux personnels du Principal ( on lui trouve un nom genre Principal adjoint des écoles). Son boulot consistera à attendre dans son bureau les plaintes des parents et la remontée des problèmes par les écoles. Mais bon, il s'en fout, il aura des secrétaires pour ça. Peu à peu il prendra le rôle des IEN qui pourront aller se faire bronzer les fesses dans leurs nouvelles fonctions d'IPR. L'intérêt de cette option c'est que ça économise du pognon (traitement des dirlos, avec leur NBI et les promesses de revalorisations précédemment faites), disparition des IEN (trop bien payés) et surtout, ça va créer un gros problème sociétal ( la société est attachée à la structures actuelle des écoles), et qui dit problème sociétal dit stratégie socialiste de diversion. De grosses catastrophes économiques seraient donc déjà envisagées et les réponses prévues étant loin d'aller dans le bon sens, il faut de toute urgence ressortir un chiffon rouge et l'agiter pour détourner l'attention des citoyens. Un peu sur le système des écoles françaises à l'étranger je crois non?
Torque Posté(e) 22 juin 2019 Posté(e) 22 juin 2019 il y a 2 minutes, naatt a dit : Un peu sur le système des écoles françaises à l'étranger je crois non? J'ai un ami que j'ai eu comme adjoint avant qu'il ne devienne lui-même dirlo. Il est parti 5 ans en Bolivie où il a dirigé une école primaire française. Il était effectivement considéré comme supérieur hiérarchique de ses adjoints. Il avait son logement de fonction, une femme de ménage "gratuite" et la règle vestimentaire était le costard-cravate. Je crois qu'en effet il était sous le contrôle du proviseur du lycée français mais je n'en suis pas sûr.
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