Nos élèves, nouvelle génération

[Lison]

"Ma fille n'a plus envie de venir à l'école parce que vous la forcez à travailler sur les chiffres". Bah écrivez bien vite à M. Attal pour lui dire de changer les programmes de GS pour que petite chérie n'ai pas à enfin retenir que ✌️ s'écrit de façon usuelle 2 et que ce code de chiffres arabes doit être changé pour ne pas fatiguer petite chérie".

 

Et la semaine dernière, le sketch du père qui se pointe en retard tous les matins, se fait sermonner, et arrive jeudi à l'école 20 minutes avant l'ouverture et essaye de refourguer le gamin à mon asem ? Et devant son refus, qui lui hurle qu'il en a marre de cette école de m... et de ses horaires ?

[Artichouette]

Cette semaine, nous avons eu un gosse insupportable qui a roté délibérément à 5 cm du visage de la maîtresse. Explication aux parents : pas de réaction. Le lendemain, il recommence à être ingérable, la collègue l’isole 3 min dehors( classe vitrée, il est donc collé à la vitre), il refuse de mettre un manteau en se débattant, elle abandonnne.( il ne faisait pas très froid)

 Et pendant les 3 min de punition , il frappe au carreau, fait des grimaces…

Hier c’est la mère qui lui tombe dessus : a cause de la collègue, CheriChou est malade, et totalement traumatisé de la punition.et quand on lui explique que le gosse faisait des grimaces, elle dit devant lui «  tu as bien eu raison! »

 

Edit: oubli d’un mot 😏

Modifié 13 décembre 2023 par Artichouette

[Artichouette]

Il y a 9 heures, valdeloise a dit :

Je ne me souviens pas avoir eu tellement envie de m'enfiler des conjugaisons et des problèmes de maths dont je me fichais royalement... Par contre, j'aimais la littérature, l'histoire... Pourquoi les enfants devraient avoir envie de tout?

Oui mais la grande différence est là: nous n’avions pas envie plus qu’eux de se farcir 18 verbes à conjuguer mais je crois que les adultes nous expliquaient que ça serait utile pour nous, et que c’était important de l apprendre. Mes parents, ouvriers tous les deux, ne m’auraient jamais soutenu si je râlais pour apprendre une poésie ou recopier des mots de dictée. Ils m’auraient dit que c’était important, que le maître / la maîtresse me donnait ça à faire pour m’aider à grandir en sachant des nouvelles choses, pour mon avenir ( bien que je suis sûr que parfois ils devaient se dire que c’était trop, ou inutile mais ils allaient dans le sens de l’école)

On est sur un tout autre discours aujourd’hui. Ça change tout .

[valdeloise]

Oui, le discours a changé parce que le système scolaire a jusqu' aujourd'hui tellement produit d'échec que les gens n'y croient plus. S'enfiler 18 verbes à conjuguer ne sert à rien, il existe de meilleures méthodes pour retenir, et surtout appliquer les conjugaisons. Apprendre des poésies par coeur en primaire, alors que la sensibilité poétique vient avec l'adolescence, est une vieille tradition inutile. Il y a de meilleurs moyens pour entraîner la mémoire. On n'entraîne pas des soldats, on ne fait pas cours magistral à des étudiants en université, on instruit des enfants. L'idée qu'il faut absolument en baver pour apprendre ne fonctionne pas forcément à cet âge: ça n'éveille pas la curiosité, ça ne motive pas, ça n'intéresse pas un nombre d'élèves toujours plus grand. Or depuis les les années 70 on doit travailler pour tous. Les méthodes des années 50, celles qui permettaient de partir travailler à 11 ans sans savoir lire ni écrire ne fonctionnent plus.

Ca fait plus de 100 ans que les pédagogues remarquent qu'on laisse sur le carreau une bonne proportion d'élèves avec ces méthodes, mais personne ne les a écoutés, le résultat est là: tous les parents d'élèves pour qui l'école n'a rien fait n'y croient plus eux-même pour leurs propres enfants, c'est-à-dire nos élèves. Mais au lieu de se dire qu'on devrait peut-être se pencher sur la pédagogie, non, on se recroqueville sur nous-mêmes, on accuse le monde entier sans daigner se remettre en question une seule seconde.

Je ne dis pas que le manque de pédagogie est la cause de tout, mais elle est un remède à bien des choses: quand je constate les progrès faits à l'écrit sous une pédagogie du texte libre par rapport à ceux faits sous une étude de la langue traditionnelle, il n'y a pas photo. Quand je vois tout ce que le calcul vivant peut faire pour des élèves pour qui les maths ne font pas sens, ça me confirme que la pédagogie peut emmener des élèves assez loin de leur déterminismes.

Par contre, dire qu'on ne peut rien faire si les parents ne font rien, dire que les récalcitrants à l'effort n'ont qu'à rester dans leur médiocrité, même si c'est souvent tentant, indique je pense que c'est le moment de changer de métier: aucune raison que l'enfant subisse la double-peine d'avoir de mauvais éducateurs à la maison ET à l'école.

[Chakana]

Il y a 3 heures, valdeloise a dit :

Par contre, dire qu'on ne peut rien faire si les parents ne font rien, dire que les récalcitrants à l'effort n'ont qu'à rester dans leur médiocrité, même si c'est souvent tentant, indique je pense que c'est le moment de changer de métier: aucune raison que l'enfant subisse la double-peine d'avoir de mauvais éducateurs à la maison ET à l'école.

Parce que tu vois une raison, pour l'enseignant de subir l'élève agité/sans curiosité/insolent/grossier/menteur ET ses parents démissionnaires/dépassés/agressifs/méprisants ?

Je termine cette semaine les entretiens individuels (CM, bon niveau CSP). Et bien sans surprise :  les parents qui me  cherchent des poux dans la tête sont ceux pour qui j'ai pointé des problèmes de comportement chez leur enfant, ou qui vivent des situations personnelles compliquées.

[valdeloise]

il y a 24 minutes, doubleR a dit :

Je parle du gout de l'effort, le gout de s’appliquer à la tache ..

Moi aussi. Je dis que l'être humain acquiert le goût de l'effort et de s'appliquer pour des tâches qui l'intéressent et encore mieux, dont il a pris l'initiative, pas pour des ordres reçus dont il ne perçoit pas toujours le sens. Je dis que je pense qu'il n'y pas de raison pour ça soit différent dans le cas des enfants. 

[valdeloise]

il y a 17 minutes, Chakana a dit :

Je termine cette semaine les entretiens individuels (CM, bon niveau CSP). Et bien sans surprise :  les parents qui me  cherchent des poux dans la tête sont ceux pour qui j'ai pointé des problèmes de comportement chez leur enfant, ou qui vivent des situations personnelles compliquées.

Je ne fais pas d'entretien individuel sauf demande, et les parents pénibles, je les envoie ch*er.

[Etoile1]

Il y a 14 heures, flops a dit :

Je reviens sur les compétences acquises en maternelle. Ma cadette était en maternelle l'année dernière et je suis sa scolarité mais n'étaient indiqués dans son livret de compétences que ce qui était acquis. Bon, je n'étais pas spécialement inquiète mais à la réunion de rentrée de CP, son enseignant nous dit cash "les collègues précédentes  m'avaient dit que les CP étaient très moyens et bien je confirme, ce n est pas une très bonne classe". J'en suis tombée sur le derrière car pas une seule fois la maîtresse de GS n avait eu des remarques dans ce style. Alors la bienveillance c est vraiment à double tranchant. 

D'un point de vue professionnel, ici, j ai des cm2 et les élèves qui ne sont pas très bons, qui sont désordonnés sont, très  souvent, ceux qui ont des parents qui ne signent pas les mots, qui ne viennent pas aux réunions, qui n aident pas pour les devoirs ... 

J ai un élève élevé par la fille au pair d origine hispanique. La mère est bien trop débordée pour s occuper de son enfant... aucun soutien familial ... 😪

 

 

Ce que tu écris c'est clairement la limite du carnet de suivi.

J’étais pourtant partante ++++ pour l’idée,  le format, la valorisation du positif. Mais 8 ans après,  je trouve ça incomplet au mieux, les parents tombent de haut, toujours pareil ceux qui se voilent la face ou qui ne veulent pas entendre la difficulté...lorsque les enfants arrivent en CP.

J’en arrive à souhaiter le retour au livret avec les compétences à cocher. Au moins, ce qui n’est pas acquis est clairement noté.  Avec le carnet de suivi, au mieux, tu le dis aux parents et ils en font ce qu'ils veulent,  au pire, tu dis rien puisqu'il faut montrer le positif.

Sans compter le temps qu'on y passe...

 

[valdeloise]

il y a 1 minute, doubleR a dit :

Les problèmes de comportement, d’autonomie, et de langage dès la maternelle pour moi ce n'est pas un problème de pédagogie mal adaptée. C’est surtout un gros problème éducatif de parents démissionnaires et peu exigeants.

On s'est pas compris, je vais essayer d'être plus clair: je ne dis pas que la médiocrité actuelle des élèves dont tu parles est la faute d'une mauvaise pédagogie, c'est évidemment la faute à un environnement médiocre à la maison. On est totalement d'accord là-dessus.

Ayant constaté ça, je dis que, puisque le rôle de l'école est d'émanciper les élèves, et puisqu'il est devenu illusoire de faire des parents des partenaires éducatifs de l'école, alors il faut maintenant, de nos jours, en plus les émanciper de leur contexte familial foireux qui en fait des consuméristes et des débiles, et la pédagogie propose bel et bien certaines solutions.

[Lison]

Tiens, aujourd'hui, zozo le retour. Le même qui a estimé normal de crier parce qu'on ne prend pas fiston 20 minutes en avance, cette fois souhaitait que je l'attende 15 minutes parce qu'il allait être en retard. Bah non, c'est mort, moi aussi j'ai des obligations, et je ne souhaite pas être en retard pour MES enfants à cause des parents d'élèves. Donc il est mécontent encore une fois, et petit chéri a dû aller à la cantine à cause de moi (ou à cause de M. en retard...)

[Delavegue]

Il y a 9 heures, valdeloise a dit :

Par contre, dire qu'on ne peut rien faire si les parents ne font rien, dire que les récalcitrants à l'effort n'ont qu'à rester dans leur médiocrité, même si c'est souvent tentant, indique je pense que c'est le moment de changer de métier: aucune raison que l'enfant subisse la double-peine d'avoir de mauvais éducateurs à la maison ET à l'école.

Et bien pour certains enfants, j'assume mes propos car je ne veux pas y laisser ma santé. Et non je ne compte pas changer de métier car je trouve encore la patience avec 99,9% des élèves de ma classe.

J'ai une élève qui met tous les stratagèmes possibles pour ne pas travailler (met le bazar dans les groupes, ment, fait exprès de ne pas comprendre une consigne). Elle se moque des autres, met des coups, insulte, se masturbe en classe, me provoque en faisant du bruit/chantonnant, ment, invective les autres élèves en pleine classe et j'en passe. Même après avoir rencontré les parents, ils ne réagissent pas malgré leurs dires.

J'attaque ma seconde année avec cette élève et honnêtement j'en viens à la trouver antipathique. Je n'ai plus envie de l'aider car j'ai déjà tout essayé, je ne veux pas y laisser ma peau. Donc je la laisse dans sa médiocrité car le dialogue, les encouragements, les contrats, les rencontres avec les parents et tout ce que j'ai pu essayer + l'énergie que ça m'a coûté n'y ont rien changé.

[Mercure732]

Le 11/12/2023 à 21:43, Goëllette a dit :

Même quand on est strict soi-même, ce qui est mon cas, il est difficile de remettre à niveau des élèves qui n'ont pas été habitués à travailler au propre, en silence, à s'appliquer, à se relire, et à mobiliser des parents qui n'ont pas eu jusque là à signer des cahiers toutes les semaines et le cahier de texte tous les soirs pour montrer qu'ils ont supervisé les leçons de leurs enfants.

 

Et je mets à l'honneur les élèves qui travaillent parfaitement. Ils sont fiers et les autres les envient.

Pour le cahier de texte et la supervision des leçons, quid des parents qui ne savent pas lire voire pas parler français ? Qui enchainent plusieurs boulots et ne sont pas là le soir ? Qui vivent dehors ? Se préoccupent de ce qu'ils pourront manger le lendemain plutôt que des devoirs ?

 

De la même façon pour les élèves qui travaillent parfaitement... Qu'est-ce que cela veut dire ?